Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures.
Il y a un an,le rescapé du génocide rwandais faisait la une des médias en Suisse et en France. Malgré les promesses, le jeune homme n’a toujours pas obtenu l’asile.
«La Suisse doit dire ce qu’elle veut faire de moi, je n’en peux plus d’attendre.» Le moral de Révérien Rurangwa est au plus bas. Il y a un an, ce jeune Rwandais de 28 ans faisait la une des médias. Pas seulement en Suisse: Patrick Poivre d’Arvor et MarcOlivier Fogiel l’avaient convié à présenter son livre Génocidé àla télévision.
L’ouvrage s’est déjà vendu à plus de 20 000 exemplaires. Il y raconte comment les 43 membres de sa famille ont été massacrés lors du génocide rwandais. Lui a 15 ans et échappe à la mort, mais pas aux coups de machette. Son poignet est tranché, son nez aussi, son visage et son corps tailladés. Pris en charge par l’association Sentinelle, il est soigné à Genève et Lausanne. Deux ans plus tard, il retourne dans la région des Grands Lacs. Face à face avec son bourreau. Menaces de mort. Retour dans le canton de Neuchâtel où il dépose une demande d’asile. Elle est rejetée
Admission à renouveler tous les six mois
Après la publication de son livre, la mobilisation s’organise pour que Révérien Rurangwa puisse rester en Suisse. Même le vice-président de l’UDC, Yvan Perrin, lui apporte son soutien. Du côté de l’Office fédéral des migrations (ODM) on lui garantit qu’il ne «sera pas renvoyé vers la mort». Mais un an après, il n’a toujours pas reçu le précieux sésame. «Les belles promesses, ça ne suffit pas», dénonce son avocate Valérie Schweingruber.
Son dossier est toujours à la Commission de recours en matière d’asile, rattachée désormais au Tribunal administratif fédéral. Et tous les six mois, l’homme qui vit à la Vue des Alpes, doit faire renouveler son admission provisoire. Il ne peut pas étudier, ni travailler. Mais plus grave encore à ses yeux: «Je ne peux pas faire mon devoir de mémoire.» En effet, sa situation actuelle l’empêche de se rendre à l’étranger pour répondre aux nombreuses invitations des écoles ou universités qui aimeraient entendre son témoignage
En suédois et en japonais
En Espagne, au Portugal, en Italie et aux Etats-Unis des éditeurs souhaitent traduire son livre. A une condition: que Révérien puisse se rendre dans ces pays pour promouvoir son ouvrage. A noter que Génocidé a déjà été traduit en suédois et en japonais.
Du côté de l’ODM, Dominique Boillat assure que son office est prêt à faciliter les déplacements de Révérien Rurangwa, comme il l’a fait l’an dernier en l’autorisant à se rendre en France pour répondre aux nombreuses sollicitations des médias. «C’est faux, rétorque- t-il. Il y a deux semaines, l’ODM a sèchement refusé de me laisser aller au Canada et en France.» Il cherche à comprendre: «La Suisse m’a soigné, m’a remis debout. Est-ce que c’était pour que je retourne au Rwanda me faire couper la tête?» Dominique Boillat se veut rassurant: «Je comprends que cette attente soit usante pour les nerfs, mais il n’a pas de souci à se faire. Même si cela peut prendre encore un an ou deux avant que la décision finale soit rendue. »
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