jeudi 5 janvier 2006

Vous reprendrez bien un peu de consensus constructif...

Pour l'an nouveau : l'opinion du député radical Jean Martin dans 24heures

La polarisation agressive est une tendance actuelle forte en politique, dans notre pays et ailleurs. Encore qu’il y ait d’autres évolutions: le cabinet de coalition mis en place en Allemagne, le Conseil d’Etat nouveau élu par nos voisins genevois.

Commentaires sur la fin de l’année politique vau­doise 2005: en premier lieu, souligner l’adoption d’un bud­get cantonal avec un déficit mo­déré, maîtrisé, par 80% des dé­putés — du jamais-vu dans le passé récent. Encourageant de voir comment, malgré l’insatis­faction que chacun peut avoir par rapport à tel élément de sa propre doctrine, tous les partis sauf un ont reconnu la qualité des efforts du gouvernement pour redresser la situation fi­nancière.

S’agissant du dossier qui longtemps a semblé bloqué, des requérants déboutés (le groupe dit des «523», qui sont encore environ 250) et de celui d’Ethiopiens et d’Erythréens qui sont ici, intégrés, depuis des années, il y a des rais de lu­mière. On n’ose pas encore s’en réjouir, les chances de règle­ment restent ténues, mais il ap­paraît que le Conseil d’Etat entre en matière et c’est impor­tant. De plus, quand une con­seillère d’Etat bernoise, de ré­putation pourtant ferme, re­commande que Vaud propose aux autres cantons de l’aider à persuader la Berne fédérale qu’il ne faut pas persister dans une voie sans issue, cela re­donne un sens — vraiment! — à la notion classique de «chers et fidèles Confédérés». Après les affrontements des derniers dix­huit mois, une solution accepta­ble pour tous serait un signe fort de volonté de travailler en concertation. Volonté dont nous continuerons à avoir be­soin sur d’autres sujets! Illustra­tion aussi de ce qu’on sait re­connaître que les faits sont tou­jours têtus.* Autre sujet, ce qu’on appelait l’instruction publique: on pen­sait que dans ce domaine la plupart des haches de guerre étaient enterrées — entre autres parce que là aussi le Conseil d’Etat a admis une cer­taine réalité et des modifica­tions de la loi. Un collègue député a cru pouvoir utiliser la grave crise des banlieues fran­çaises pour tirer des parallèles acrobatiques avec l’école vau­doise. Plus qu’audacieux, ce qui lui a valu de fermes réponses dans 24 heures du 21 décem­bre… Il est permis d’espérer que ce genre d’escarmouches ne va pas détruire le presque consensus auquel on était ar­rivé.

Même s’il y a lieu de rester réservé vis-à-vis des sondages, à noter enfin celui indiquant qu’une majorité de Suisses ne souhaiteraient pas la réélection de conseillers fédéraux qui s’il­lustrent par une grande désin­volture à l’égard de la collégia­lité qui historiquement caracté­rise le fonctionnement de nos Exécutifs — et qui est bien ancrée même si elle ne découle pas d’un texte formel. Il est bon de voir que, si le public ne déteste pas être stimulé par des tribuns provocants, il ne les suit pas quand ils cassent le système. A l’orée de 2006, il reste certain que, pour la Suisse, il n’y aura pas à l’avenir de prospérité facile, certaines adaptations né­cessaires seront rudes. Mais ce ne sont pas les réformes «à la hache» qui apporteront la solu­tion. Sachons cultiver la valeur de la négociation et du dialo­gue, laborieux mais fructueux, et souhaitons-nous une année 2006 dynamique, ambitieuse, où une atmosphère apaisée sur certains fronts permettra de se consacrer à d’autres défis qui demandent action.

* A propos de l’apport à notre pays de personnes venues d’ailleurs — et des conditions bien difficiles qu’elles ont ren­contrées — je recommande Victor le Conquérant, de Ray­mond Durous, Editions de l’Aire, 2005. Histoire remarqua­ble.

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