mercredi 31 août 2005

Reconvillier, quand l'autorité joue avec le feu

Voici l'éditorial du Journal du Jura qui n'est pas tendre avec le maire de la commune (dont on lira les explications embrouillées ici)

L'émotion est à son comble, à Reconvilier, depuis qu'un mineur a abusé sexuellement d'une adolescente du village. C'est tout à fait compréhensible. Les faits qui sont reprochés au jeune homme sont suffisamment graves pour qu'ils suscitent l'écœurement, la colère et le désarroi de la famille blessée dans sa chair. Quel papa, quelle maman, quel frère ou quelle sœur ne serait pas révolté si un membre de la fratrie était victime d'attouchements sexuels? Que son auteur soit un Suisse, un étranger ou, comme dans le cas présent, un demandeur d'asile ne change rien à la gravité du délit et à la douleur qu'il provoque. En droit, la nationalité d'un prévenu n'est pas un facteur aggravant. Il en va - malheureusement - tout autrement au café du Commerce. On y pratique volontiers l'amalgame, on généralise et on cloue au pilori! Soyons honnête! Il faut parfois se faire violence pour ne pas tomber dans le piège des conclusions hâtives et faciles. Sous le coup de l'émotion et du sentiment d'injustice, personne n'est à l'abri d'une mauvaise pensée, voire d'un excès verbal. Mais ce que l'on peut encore tolérer de la part d'un individu, n'est plus acceptable quand c'est une autorité qui s'exprime. Or, le Conseil municipal de Reconvilier a franchi la ligne rouge en pointant délibérément du doigt le Centre de requérants d'asile installé dans la commune. En publiant un communiqué musclé, il a certes voulu secouer les instances cantonales et fédérales compétentes, mais il a d'abord livré à la vindicte populaire la quarantaine de personnes qui logent dans l'établissement. S'en est-il seulement rendu compte? On peut en douter à la lecture des explications emberlificotées de Flavio Torti. Comment un maire qui aspire à siéger au gouvernement cantonal peut-il entraîner sa Municipalité dans un tel dérapage? C'est louable de ne pas vouloir jeter de l'huile sur le feu, comme il l'affirme pudiquement aujourd'hui dans nos colonnes, mais c'est un peu tard! A voir les premières réactions revanchardes de l'homme de la rue, le mal est fait. Il est même considérable et, surtout, inquiétant. Dans un dossier aussi délicat, une autorité se doit d'agir. C'est son devoir. Mais pas comme ça!

Lire aussi la réaction incriminée des autorités

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