jeudi 31 décembre 2009

L'immigration illégale divisée par deux en Espagne

José Luis Zapatero s'est félicité que le nombre de clandestins arrivés en Espagne soit retombé à 7.000 en 2009 contre 14.000 en 2008.

L'immigration illégale divisée par deux en Espagne (Reuters)

L'immigration illégale divisée par deux en Espagne (Reuters)

Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero s'est félicité mercredi 30 décembre que le nombre de clandestins arrivés en Espagne soit retombé à 7.000 en 2009 contre 14.000 en 2008, estimant être en train de "gagner le combat' contre l'immigration illégale. "Nous sommes en train de gagner le combat contre l'immigration illégale, après avoir connu des années extraordinairement difficiles", a déclaré José Luis Rodriguez Zapatero lors d'une conférence de presse, ajoutant toutefois qu'il ne fallait pas "baisser la garde".

Une baisse globale attribuée aux accords de coopération


Selon des statistiques encore provisoires, le nombre des clandestins subsahariens arrivés cette année dans des embarcations de fortune sur le seul l'archipel espagnol des Canaries, au large de l'Afrique, est retombé à environ 2.250, contre plus de 9.000 en 2008 et un record de 31.600 en 2006.
Le nombre de clandestins arrivés cette année sur les côtes d'Andalousie, en provenance notamment du Maghreb, a en revanche augmenté.
José Luis Rodriguez Zapatero a attribué cette baisse globale aux accords de coopération conclus avec les pays d'origine en Afrique et au renforcement des moyens de lutte contre l'immigration clandestine, notamment le dispositif européen Frontex au large des côtes africaines.
La forte crise économique subie par l'Espagne, avec 4 millions de chômeurs, a par ailleurs découragé les clandestins, selon les spécialistes.
L'Espagne a été submergée par l'immigration clandestine entre 2005 et 2007, alors qu'elle était en plein boom économique.

Nouvel Observateur

mercredi 30 décembre 2009

Bonne nouvelle pour Mirta

cadeau Mirta Palma, l’Equatorienne qui s’était fait renverser par une voiture folle sur la place Bel-Air le 26 juin dernier, a reçu son cadeau de Noël le 24 décembre, comme l’a annoncé Le Matin.

Menacée de renvoi, elle a reçu un préavis positif du Service vaudois de la population (Spop). Agée de 54 ans, elle réside à Lausanne depuis sept ans. En 2003, une première autorisation de séjour lui avait été refusée. Reste que la décision finale reviendra à l’Office fédéral des migrations, à Berne. «Une décision qui devrait venir dans les trois prochains mois», selon l’avocat Jean-Michel Dolivo, qui la représente.

Avant, l’étranger c’était l’Italien, maintenant, c’est le musulman

Minarets, voiles, crucifix… Le religieux n’a pas cessé de s’inviter dans le champ politique en 2009. Le regard du sociologue Jörg Stolz. Un article de Patrick Chuard dans 24 Heures.

© FRANCESCA PALAZZI | ​Pour le sociologue Jörg Stolz, directeur de l’Observatoire des religions en Suisse, «l’affirmation des valeurs chrétiennes est souvent une manière de faire du patriotisme, de dire qui nous sommes».

Directeur de l’Observatoire des religions en Suisse (ORS), le sociologue zurichois Jörg Stolz a suivi de près l’actualité 2009. Et pour cause: rarement la religion aura autant occupé les débats publics. Outre le vote sur les minarets et les polémiques sur l’islam, les jeunes socialistes neuchâtelois se disputent sur des questions de laïcité, le Valais réaffirme son attachement aux crucifix, le Parti évangélique lance une initiative populaire pour inscrire les valeurs chrétiennes dans la Constitution… Le directeur de l’ORS – créé il y a tout juste dix ans à l’Université de Lausanne – livre quelques réflexions.

– Les débats religieux en politique marquent-ils un retour de la religion?
– Je ne crois pas. La baisse de la pratique religieuse est constante. Toujours plus de gens accordent de l’importance à la spiritualité, mais sans lien avec un groupe ou une Eglise. Cela va de pair avec l’individualisation de notre société, où les gens apprécient de moins en moins qu’on leur dise ce qu’ils doivent croire ou faire. En revanche, le thème religieux est très présent dans les débats politiques et dans les médias, mais c’est une chose différente. Sur la question des minarets, au fond, j’observe que le débat n’a pas vraiment changé depuis des décennies: qu’est-ce qui relève de l’identité suisse et qu’est-ce qui est étranger? La problématique s’est simplement transformée, elle a pris une tournure religieuse.

– Il s’agirait donc d’une question identitaire transposée dans le domaine religieux?
– Tout à fait, du reste les arguments sont restés les mêmes: nous devons défendre notre culture, les migrants venant d’autres cultures ne peuvent pas s’intégrer, il faut être plus ferme, etc. Pour désigner l’autre, dans les années 70, on disait Italien, maintenant c’est musulman.

– Tout de même, l’islam pose des questions uniques, comme l’interdiction de mariages mixtes ou la remise en question de l’égalité hommes-femmes.
– Mais ce n’est pas nouveau, ni propre à l’islam. Au sein du catholicisme romain une femme ne peut pas devenir prêtre. Beaucoup de mouvements, des groupes évangéliques conservateurs ou des juifs ultraorthodoxes notamment, estiment fortement que les femmes doivent rester à la maison. Les Témoins de Jéhovah s’opposent aussi aux mariages mixtes. Certains groupes au sein de l’islam peuvent poser problème, je ne le nie pas, mais on ne peut pas dire que les musulmans en général ne peuvent pas être intégrés. La pratique dans beaucoup d’endroits en Suisse prouve le contraire.

– L’affirmation des valeurs chrétiennes se fait plus présente en politique. A quoi l’attribuez-vous?
– Selon moi, c’est souvent une façon de faire du patriotisme, de dire qui nous sommes. J’y vois un combat fortement identitaire. Pendant la campagne antiminarets, l’UDC a lutté avec l’Union démocratique fédérale (UDF), qui porte des valeurs religieuses. Il existe une parenté certaines entre leurs programmes politiques. Mais pour autant je n’ai que rarement entendu l’UDC jouer la carte de «nous, les chrétiens». C’était toujours «vous, les musulmans». Mais là encore, cela ne change rien à la situation réelle de la religion. Un fossé toujours plus grand sépare d’ailleurs «les vrais croyants» de la société, qui, elle, se sécularise. Les gens qui sont croyants paraissent de plus en plus étranges aux autres, ils semblent extraordinaires. Mais ils ne changent pas, c’est la société qui change.


«La Suisse n’est pas laïque»

– Pourquoi les Eglises traditionnelles ont-elles été si présentes dans le débat sur les minarets et se sont-elles engagées contre l’initiative?
– Deux réponses. D’abord, on pouvait interpréter cette initiative comme une attaque contre la religion tout court. C’est la place même de la religion dans la société qui était en jeu. De ce point de vue, quand la France a interdit le voile musulman dans les écoles, elle s’est montrée moins discriminatoire, car elle a interdit aussi tous les autres signes ostentatoires, comme la kippa et les grandes croix. L’autre réponse, c’est le dialogue interreligieux entamé par les religions. L’enjeu aujourd’hui est la paix entre elles, c’est ce que veulent les fidèles, les sondages le montrent.

– La Suisse doit-elle craindre pour sa laïcité?
– Mais la Suisse n’est pas du tout laïque! C’est une méconnaissance des faits. La Constitution fédérale est neutre – hormis l’invocation divine – et renvoie la question de la religion aux cantons. Et chaque canton a des pratiques différentes. Pour certains, il n’y a pas du tout de séparation Eglise-Etat. Je ne pense pas que ce fait va changer dans notre avenir immédiat. Si la Suisse devient encore plus séculière et multireligieuse, il y aura deux options possibles: soit on sépare l’Etat de la religion pour toute la Suisse – je n’y crois pas –, soit on estime que d’autres communautés religieuses peuvent être reconnues. Et je pense que l’islam, un jour, le sera.

mardi 29 décembre 2009

Minarets: le Parlement arabe lance un appel à la Suisse

Le Parlement arabe, un organe de la Ligue arabe, a appelé "le peuple suisse à reconsidérer sa décision erronée" interdisant les minarets. Il affirme que ce vote risque "d'attiser le racisme en Europe".

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Le minaret de Wangen-bei-Olten (archives) Photo : Keystone

 

La décision helvétique "traduit les sentiments de haine et d'animosité envers l'islam et les musulmans qu'éprouvent les groupes de la droite extrémiste et raciste en Europe", affirme le Parlement dans une décision adoptée au terme d'une réunion de trois jours au Caire.

"Nous souhaitons que le peuple suisse reconsidère sa décision erronée qui risque d'attiser le racisme en Europe (..) alors que nous avons besoin en ce moment de développer la coopération et le dialogue constructif entre les croyants de toutes les religions", ont affirmé les parlementaires arabes.

Le Parlement arabe est un organe de la Ligue arabe. Il est composé de 67 députés, issus de 22 pays, et est présidé par Nabih Berri, le président du parlement libanais. Ses membres se réunissent au Caire en attendant que son siège soit établi à Damas.

ATS

Un requérant d'asile érythréen poignarde un compatriote


Lors d'une bagarre entre deux Erythréens dans un centre de requérants d'asile à Gelterkinden (BL), un des deux protagonistes, âgé de 30 ans, a poignardé son adversaire de 28 ans. L'auteur des coups de couteau a été placé en détention provisoire.

La dispute a débuté par un échange de coups de poings. Ses causes ne sont pas connues, a indiqué vendredi la police. Le plus âgé des deux requérants d'asile a finalement asséné plusieurs coups de couteau dans le dos de son compatriote. Ce dernier a été conduit à l'hôpital. Une procédure pénale a été ouverte contre son agresseur.

dimanche 27 décembre 2009

Le vote suisse contre les minarets correspond-t-il à l'idéal démocratique ?

« »
Amine Alaoui

Samedi 26 décembre 2009

“Rappelons que les pires régimes totalitaires du siècle dernier ont été, au début au moins, élus démocratiquement, dans des pays pas très éloignés de la Suisse d’ailleurs. Ces régimes utilisaient la propagande afin de stigmatiser certaines communautés et légitimer la discrimination”

D’aucuns prétendent que le vote suisse contre les minarets ne vise pas la Tradition musulmane dans son ensemble, mais plutôt un certain «islam politique». Or, il va sans dire que les minarets ne sont pas plus le symbole d’un islam politique ou extrémiste que le seraient les clochers d’églises d’une lecture fondamentaliste du christianisme. On ne peut donc dissocier ce vote de la question, plus générale, de la présence musulmane en Occident. En effet, force est de constater qu’au-delà du symbole architectural, ce n’est pas qu’en Suisse que la présence visible des musulman(e)s suscite un débat.

Certains invoqueront, par ailleurs, la réciprocité pour expliquer voire légitimer le vote contre les minarets en territoire Suisse. Cet argument est problématique à plusieurs niveaux : En premier lieu, il sous-entend qu’il y a un « clash » entre deux civilisations (occidentale et musulmane) totalement exclusives et hermétiques. Ce qui est bien entendu doublement faux. Ensuite, il suppose l’existence de deux catégories de citoyens : une qui regroupe les « véritables » citoyens avec des droits et devoirs reconnus et une seconde catégorie de citoyens qui ont les mêmes droits que les premiers sauf qu’ils sont conditionnels aux politiques de pays étrangers. Aussi, il serait paradoxal pour une démocratie de «marchander» avec ces citoyens les droits et libertés de ces derniers et entrer dans une compétition d’obscurantisme avec les États à majorité musulmane les plus totalitaires.

Le résultat malheureux de ce référendum soulève également de profondes interrogations quant aux relations que les musulmans Occidentaux ont pu tisser, dans leurs entourages respectifs, avec leurs concitoyens non musulmans: collègues, amis, voisins et parfois même, membres de la famille. Est-ce à dire que ces relations se sont majoritairement soldées par un échec? Ou peut-être, qu’au contraire, le résultat du vote s’explique par le fait qu’une majorité de ceux qui ont voté oui n’ont jamais connu un(e) musulman(e) de près? Ces questions sont légitimes et il faut tenter d’y répondre.

Cependant, il ne faudrait pas -au nom de la règle de la majorité simple- sacraliser le résultat de ce vote.C’est que la démocratie ne se résume pas aux urnes. Le système démocratique doit d’abord garantir un traitement équitable envers tous les citoyens. Le principe « Un(e) citoyen(e), une voix » n’est donc pas une fin en soi mais un moyen d’assurer justement, ce traitement équitable. Dès lors, soumettre les droits d’une minorité au vote de la majorité ne relève plus de la démocratie mais plutôt de la « dictature de la majorité ». Dire ou insinuer le contraire c’est trahir l’idéal démocratique par méconnaissance de celui-ci ou pire, par calcul politique, démagogie et populisme.

Rappelons que les pires régimes totalitaires du siècle dernier ont été, au début au moins, élusdémocratiquement, dans des pays pas très éloignés de la Suisse d’ailleurs. Ces régimes utilisaient la propagande afin de stigmatiser certaines communautés et légitimer la discrimination. Les massacres commis par ces systèmes contre des millions de personnes ciblées uniquement en raison de leur confession religieuse (les juifs), leur origine ethnique (les Tsiganes) ou leurs convictions politiques (les communistes) ont marqué de façon tragique la seconde guerre. La liste des atrocités commises par ces régimes ne se limite malheureusement pas à cela.

Dans ce côté-ci de l’Atlantique, nous avons choisi de soutenir les démocraties Européennes dans la guerre qui s’en ait suivi. Et pourtant, nous avons également fait le choix d’interner dans des camps des citoyens Canadiens uniquement parce qu’ils étaient d’origine japonaise, allemande ou italienne. Ainsi, l’Histoire récente nous enseigne que si les acquis d’aujourd’hui sont importants, ils sont aussi fragiles.

Le jour où « les hommes vivront d’amour » semble hélas bien lointain.

Le site Internet de la commune de Vermes piraté



Selon le responsable du site Internet de la commune, Yvan Rais, la plate-forme Internet du village a subi hier soir une attaque d’un hacker, un pirate informatique sur Internet. Yvan Rais nous a expliqué que la page d’accueil du http://www.vermes.ch/ était redirigée vers une autre page présentant une mosquée avec des minarets. La photo était accompagnée de messages en anglais et en arabe. Selon Yvan Rais, tout est rentré dans l’ordre vers 19h. A noter qu'Yvan Rais a écrit au fournisseur d'accès du site, et au Conseil communal pour les informer de la situation.

300 sites Internet touchés en Suisse

Début décembre, suite à la votation sur les minarets en Suisse, plus de 300 sites Internet avaient déjà subi des attaques de pirates informatiques, avec la même image de mosquée. Des lecteurs du quotidien gratuit «20 Minutes» avaient notamment signalé de telles attaques.
Selon le journal, ces attaques auraient lieu en représailles de la votation sur les minarets. Nous avons contacté la police cantonale jurassienne. Mais aucun cas du genre n’a été annoncé pour l’instant dans le Jura. Selon nos informations, le site de la commune de Porrentruy aurait aussi été touché début décembre.

vendredi 25 décembre 2009

Quel dialogue tenir après le vote sur les minarets?

Quel dialogue tenir après le vote sur les minarets?

Légende: A Genève, la Fondation culturelle islamique vandalisée après le vote sur les minarets.
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22.12.2009 Quel dialogue tenir après le vote sur les minarets?
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La ministre suisse de la Justice a rencontré quelques responsables d’associations musulmanes dans le but de «poursuivre et d’élargir le dialogue avec la communauté musulmane». Des personnes engagées de longue date dans le rapprochement des communautés en Suisse soulignent les limites de cette approche.
Près d'un mois après le vote sur l’interdiction des minarets, Eveline Widmer-Schlumpf a reçu six personnalités représentants la Fédération d’organisations islamiques de Suisse, la Coordination d’organisations islamiques de Suisse et la Fondation de l’entre-connaissance créée par Hafid Ouardiri, l’ancien porte-parole de la mosquée de Genève.«La ministre a souligné que la décision du peuple restreignait la liberté, pour les musulmans, de manifester leur croyance en érigeant des minarets, mais ne touchait pas leur droit de professer leur foi et de pratiquer leur religion. Elle a exposé que la décision populaire était l’expression de problèmes, mais offrait une chance de mener un vaste débat public», précise un communiqué de son ministère.
Un signal politique
Après avoir rappelé que ses rencontres avaient été lancées par Christoph Blocher, le prédécesseur d’Eveline Widmer-Schlumpf, Stéphane Lathion y voit un légitime signal politique. «Le point positif est que le gouvernement montre ainsi son intérêt et sa volonté de mieux comprendre les communautés musulmanes de Suisse. Mais il ne faudrait pas donner à ces associations un pouvoir de représentativité qu’elles n’ont pas», relève le président du Groupe de recherche sur l'islam en Suisse, un institut créé en 2002 et engagé dès ses débuts sur le terrain associatif.Autre personnalité engagée de longue date dans les questions d’intégration et de dialogue culturel et politique entre communautés, Ahmed Benani abonde: «Le gouvernement qui n’a pas une grande connaissance de l’Islam en tant que tel a tendance à les considérer comme les représentants, parce qu’il a besoin d’interlocuteurs.»Et le politologue d’origine marocaine d’enfoncer le clou: «La question de la représentativité est un faux problème. Car en Suisse, la communauté musulmane n’existe pas en tant que telle. Ceux qui parlent en son nom représentent une extrême minorité.»Pour autant, les rencontres menées par la ministre de la Justice ont leur utilité. «En Suisse, ce sont ce type d’associations et de fédérations qui organisent le culte musulman, à défaut d’une structure hiérarchisée et d’un clergé qui n’existe pas en Islam.»De fait, la Fédération d'organisations islamiques de Suisse est présente dans la plupart des cantons suisses et collabore avec près de 150 centres islamiques en Suisse, selon son président Hisham Maizar, l’un des six représentants reçus par Eveline Widmer Schlumpf.
Prime au religieux
«Mais le risque d’une telle démarche est de renforcer les organisations religieuses, insiste Stéphane Lathion. Car il y a des communautés musulmanes qui n’ont pas la religion comme priorité. Il ne faudrait donc pas que Berne légitime ainsi certaines associations au détriment d’autres. Il est essentiel de séparer ce qui relève du culte musulman du reste (culturel, social ou autre). En effet, la grande majorité des musulmans de Suisse ne va pas à la mosquée et ne se reconnait pas dans les organisations existantes. Or, les responsables d’association ont beaucoup de peine à admettre que beaucoup de leur coreligionnaires ont un rapport distant avec l’Islam.»«En effet, il ne faut jamais oublier que la majorité des musulmans de Suisse viennent d’Europe, c’est-à-dire des Balkans», rappelle de son coté Ahmed Benani.Autrement dit, leurs expériences historiques, politiques et culturelles sont très différentes de celles de leurs coreligionnaires issus des pays arabes qui occupent le plus souvent la direction des associations musulmanes en Suisse.Dès lors, l’attitude du gouvernement ressemble à une forme d’injonction paradoxale que les psychiatres connaissent bien. «On reproche à certains musulmans de verser dans le communautarisme, tout en exigeant de l’ensemble des personnes issues d’un pays musulman qu’elles se mettent en communauté», pointe ainsi Stéphane Lathion.
Sortir de la discrimination
Pour surmonter ce piège, Ahmed Benani avance une première idée qui commence à circuler: «Il devient urgent de reconnaitre l’Islam comme culte d’utilité publique. Avec sa nouvelle constitution, le canton de Vaud l’a fait pour le judaïsme. Il faut s’inspirer de cet exemple unique en Suisse.»Et le politologue lausannois d’ajouter: «Il est nécessaire d’organiser une riposte citoyenne au niveau des communes, des cantons et de la Confédération. Comme le disent beaucoup de musulmans pratiquants ou non, le religieux en Suisse doit faire l’objet d’une égalité de traitement, quelle que soit la confession.»«Ainsi le problème de la discrimination posé par la proposition de loi sur les minarets serait surmonté. Cette reconnaissance étendue aux religions non-chrétiennes permettrait de détacher la question du religieux des questions politiques et idéologiques et contribuerait à couper l’herbe sous les pieds des agitateurs de tout poil et de tous ceux qui ne manqueront pas de produire un discours victimaire, après le vote sur les minarets.»Faut-il dès lors casser la loi sur les minarets devant la Cour européenne des droits de l’homme? Stéphane Lathion n’en est pas sûr. «Mais nous somme encore dans l’urgence. Comme me l’a dit une personnalité musulmane de Suisse, la pression de la base est immense, en particulier chez les jeunes, depuis le vote sur les minarets. Il fallait agir.»
Privilégier le niveau local
Quoi qu’il en soit, le chantier ouvert par le vote sur les minarets s’inscrit sur le moyen et long terme. «Comme c’est la coutume en Suisse, l’essentiel du travail doit se faire au niveau des communes et des cantons», assure Stéphane Lathion.Selon le chercheur, la Commission fédérale des migrations (CFM) montre la voie, elle qui organise le 23 janvier prochain une rencontre avec des représentants des communautés musulmanes sur une base citoyenne et non religieuse. Et Stéphane Lathion de conclure: «Il ne s’agit pas de nier l’élément religieux qui peut parfois être problématique, mais il ne faudrait pas se confiner dans cette dimension, surtout si elle se résume à un catalogue de problèmes.Ce qui ne représente de loin pas le vécu des personnes issues du monde musulman vivant en Suisse.»

jeudi 24 décembre 2009

Menacé dans son pays, un Malien albinos obtient le statut de réfugié en Espagne

Dans son malheur, Abdoulaye Coulibaly, un Malien de 22 ans, a doublement de la chance : il ne s'est pas noyé en mer en émigrant vers l'Espagne et il vient de se voir délivrer des papiers. Mieux, il a obtenu le statut de réfugié. Le ministère de l'intérieur espagnol vient de le lui accorder en raison des craintes de persécutions que lui fait courir au Mali la couleur de sa peau : blanche. Albinos, M. Coulibaly souffre de cette maladie génétique caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, et associée en Afrique à des préjugés et à des pratiques de sorcellerie.

L'artiste malien Salif Keita lit un poème à des enfants albinos à Bamako en janvier 2009, au cours d'un show télévisé pour aider la population albinos. Photo AFP/HABIB KOUYATE

"On a essayé de m'enlever à deux reprises pour utiliser mon corps, a-t-il déclaré au quotidien El Pais du 22 décembre. J'ai eu très peur. Je sais qu'on a coupé les doigts (...) ou la tête à d'autres albinos pour des rituels." En mars, l'embarcation bondée où il avait pris place entre la Mauritanie et les Canaries, est tombée en panne de moteur. "Un de mes compagnons a hurlé que c'était de ma faute", témoigne-t-il encore.

La multiplication des meurtres d'albinos en Afrique de l'Est a suscité une récente mobilisation internationale. L'association SOS albinos, fondée en 1990 par le chanteur malien Salif Keita, lui-même "Noir à la peau blanche" selon son expression, mène ce combat, exigeant des gouvernements des poursuites judiciaires contre les agresseurs.

A l'automne dernier, la justice tanzanienne a prononcé sept condamnations à mort à l'encontre de meurtriers d'albinos. Depuis deux ans, près de soixante meurtres de ce genre ont été recensés en Tanzanie et au Burundi

Les enquêtes ont montré que les tueurs agissent pour le compte de sorciers qui utilisent le sang ou les membres de personnes albinos pour confectionner des potions ou des gris-gris. En Afrique de l'Ouest, les albinos sont censés être dotés de pouvoirs surnaturels ; dans l'est du continent, ils sont réputés porter chance.

Abdoulaye Coulibaly n'est pas le premier albinos à bénéficier du droit d'asile en Europe. En 2005, en France, la commission de recours des réfugiés l'a accordé à un Malien "menacé de mort" après avoir été "la cible de convoitises de la part de féticheurs en raison de l'intérêt des milieux politiques à la recherche de pouvoir".

La décision faisait état des "vertus tant magiques que thérapeutiques associées à sa peau et à ses organes". Salif Keita n'a pas fini de dénoncer "l'ignorance" qui sous-tend ces croyances, et de chanter, comme il le fait dans son dernier album : "Je suis un Noir, ma peau est blanche. Et moi j'aime bien ça. C'est la différence qui est jolie."

Philippe Bernard dans le Monde

mardi 22 décembre 2009

Sans-papiers, ils veulent apprendre le français

L'association Itinérance dispense des cours de français trois fois par semaine aux sans-papiers demandeurs d'asile. Ils progressent vite pour avancer dans cette nouvelle vie.

Ils ne sont que deux. Un Russe et un Afghan. Vite rejoints par quatre autres hommes, jeunes et élégants. Ils sont passés auparavant à l'accueil de jour se doucher, prendre un café. Se réchauffer. Ils ont à peine 20 ans ou un peu plus et se retrouvent comme sur les bancs de l'école. Pour certains, c'est même la première fois.

« Quel jour sommes-nous ? » demande Christine, l'une des bénévoles, au Russe Mickaël. Ce dernier s'applique. La prononciation est hésitante, les « r » roulent dans sa bouche. Il écrit la date. Se trompe. Se rattrape, l'air grave de celui qui prend son rôle très au sérieux.

« M ». « Ma ». « Maman ». « É ». « École ». Claude, une autre bénévole, a ouvert son livre sur la table. Un ouvrage d'apprentissage du français. Face à elle, Nazar-Ghul, 25 ans, ne se départit pas de son sourire. Il est Afghan et ne parlait pas un mot de français quand il est arrivé ici. Il ne parle pas l'anglais non plus. Difficile de se comprendre alors. Mais on y arrive. « Ils font de vrais efforts, lance Josiane. Ils sont motivés. » Tous ont pris la décision de rester vivre en France et ont fait une demande d'asile. Ils sont aidés dans leurs démarches administratives et dans leurs déplacements par les bénévoles de l'association Itinérance. « Nous leur demandons de vraiment s'investir dans cet apprentissage de la langue française », précise Claudie Rault-Verprey, présidente de l'association. La langue est un sésame dans un pays étranger. Un sésame parmi d'autres. Ces cours ont été mis en place en novembre 2008 et ont lieu trois fois par semaine.

« A cause des Talibans »

Face à nous, il y a ce jeune homme qui semble si confiant. Semble, seulement. Il parle anglais. Dawood Wardak est né voilà 22 ans dans la province de Kaboul. Il accepte de se confier. Sur ce froid glacial qui le trouve sous sa tente dans un camp : « oui, c'est dur de dormir de dehors. Mais nous faisons confiance à Allah. » Claudie Rault-Verprey précise : « Le fait de faire une demande d'asile devrait leur permettre d'être pris en charge avec un accompagnement social et d'avoir un logement. Ce n'est pas le cas. » Dawood Wardak dit que ce cours est « essentiel » pour lui et que ces femmes bénévoles sont comme des « mères ». Pourquoi a-t-il quitté l'Afghanistan ? « A cause des Talibans. » Etait-il persécuté ? Il me regarde et sourit : « Tu sais, même si tu avais trois ou quatre heures pour parler avec moi, je ne pourrais pas te raconter toute mon histoire. C'est très long. Puis-je te faire confiance ? » On devine le long voyage qui l'a mené ici. La méfiance. La peur. Il ajoute : « Nous parlons anglais toi et moi. En Afghanistan, parler anglais est un délit pour les Talibans. Je ne pourrais pas le faire. »

Le matin de ce jour, la France annonçait qu'elle avait renvoyé en charter des réfugiés afghans dans leur pays.

Sabrina Rouillé dans Ouest-France

Un roman sur la situation des réfugiés en Suisse romande


LIVRE Corinne Desarzens a voulu faire coller «Le gris du Gabon», son dernier roman, à la situation des requérants d’asile en Suisse romande, «où la situation a considérablement empiré en 2009.»

ÉTIENNE DUMONT 21.12.2009 18:36

Il y a juste vingt ans, Corinne Desarzens sortait en Suisse romande son tout premier roman. «Il faut se méfier des paysages» racontait sur trois générations (au moins!) et deux continents une histoire extraordinairement complexe. «Je sais. On me reproche toujours d’écrire des livres où l’on se perd dans l’histoire.» N’empêche que le lecteur n’y perdait pas son temps, ce qui est l’essentiel. Seize autres volumes ont succédé à ce premier ouvrage. Presque tous ont paru chez Michel Moret, à l’Aire veveysanne. C’est d’ailleurs le cas pour «Le gris du Gabon», où la Vaudoise se souvient qu’elle a été journaliste avant de passer au roman, forme plus avouée de fiction.

- Comment ce livre sur les requérants d’asile est-il né?

Sur le plan de la forme, je dirais avec le perroquet qui lui a donné son titre. J’ai découvert sur un site Web cet oiseau ni très grand, ni très coloré, qui apprend à parler plus facilement que les autres perroquets. Il est très intelligent, le gris du Gabon! Il apportait en plus un élément africain et une assonance intéressante. Suivant comme on le prononce, «gris» devient «cri».

- Pourquoi avoir choisi la forme romanesque afin de parler du drame que vivent en Suisse les requérants d’asile?

D’une part pour le confort de la lecture. Il faut qu’il y ait une carotte au bout du bâton. De l’autre, parce qu’un document m’aurait obligé à tout dire. A m’appesantir. L’élément «vitesse» me semblait ici important. Il fallait écrire rapidement, parce que l’actualité bouge sans cesse. Le lecteur doit aussi pouvoir avancer à grandes enjambées, sans s’achopper à chaque chiffre, en plus contestable.

- Votre mari s’occupe de réfugiés depuis vingt ans.

C’est un élément parmi d’autres. Marc arrive avec les faits à table. C’est le versant raisonnable. Le monde de l’immigration, qui a atteint la Suisse avec les saisonniers des années 1950, je le perçois davantage sous forme de sensations. Il y a les souvenirs qui jouent, bien sûr, mais tout le monde sait que nous avons une mémoire en grande partie rêvée.

- Qu’entendez-vous par là?

Mon livre n’est pas écrit pas une militante. Je me base sur des contacts personnels. Des observations. Je me penche sur des détails. Les choses entendues. Je montre le phénomène des réfugiés tel que les gens le perçoivent. Je me branche sur l’actualité en évitant de donner des brèves de comptoir.

- Mais il y a tout de même la réalité!

La réalité, c’est que les conditions des requérants se sont terriblement durcies durant cette dernière année. Il a parfois suffi pour ça de changer deux mots dans un règlement. Enfourner des hommes par dizaines dans un sous-sol, comme ici à Nyon, c’est vraiment une nouveauté chez nous. Ces réfugiés, qui sont là pour un temps supposé bref, mais qui peut durer, vivent dans des conditions qu’on n’admettrait pas pour des animaux. Il s’agit, hélas pour eux, d’êtres humains.

- Un exemple

J’ai assisté au transport d’un requérant qu’on emmenait à Zurich. Il était attaché dans un fourgon, avec la tête plaquée au fond, comme s’il ne devait pas voir le paysage. En vous racontant ça, je réalise que je suis restée bien trop «correcte» dans mon livre. J’aurais pu parler de rafles et même de déportations. On envoie des requérants en Italie sans même savoir s’il y a quelqu’un pour les accueillir et sans se demander ce qu’ils deviendront. Certains ne trouvent personne à la gare d’arrivée et doivent mendier l’argent du billet de retour. Je connais au moins un cas.

- Mais pourquoi avoir ajouté un perroquet, une fillette qui disparaît, d’étranges messieurs d’un certain âge?

Je ne voulais pas que réfugiés et personnages fictifs produisent un effet de placage. Il fallait élargir l’horizon. Je me suis servie d’autres faits réels. Le perroquet, qui mesure à peine 30 centimètres, apportait sa vie. J’avais gardé en archives, car je conserve beaucoup de coupures de presse, l’affaire d’une petite fille disparue en Suisse allemande. Ces faits extérieurs sont venus nourrir l’histoire, qui ressemble du coup à la vie. La vie est faite de tas de morceaux qui ne vont pas ensemble. On s’y perd. Il est donc normal, pour revenir à votre première question, de se perdre dans un livre.

- Vous dites avoir un peu bâclé «Le gris du Gabon»

Mais c’est vrai! Il fallait que le roman colle à l’actualité Je devais en plus compter le temps de sa fabrication technique. Je ne pouvais pas me permettre qu’il paraisse en 2010, voire en 2011. On a pris du retard, à cause d’une disquette envolée. Mais finalement, tout a presque été dans les temps. Prévu pour le 5 novembre, le livre est sorti le 20…

- Quelle suite lui donner?

Pour moi, qui ai été frappé par ces hommes aux allures de princes qu’ont les Erythréens ou les Ethiopiens, il me fallait aller voir sur place. J’ai parcouru le Nord der l’Ethiopie fin 2009. Je retourne en janvier pour découvrir le sud du pays, dont la vallée de l’Omo. Un endroit dont je ne connaissais même pas le nom auparavant.

- Avec une perspective de livre?

Je vais écrire quelque chose.


lundi 21 décembre 2009

Révision totale de la loi sur la nationalité

http://www.admin.ch/ch/f/gg/pc/pendent.html#DFJP

Révision totale de la loi sur la nationalité

Consultation
Autorité: Conseil fédéral Forme: procédure écrite

Le projet de la révision a pour but d' assurer une large cohérence avec la nouvelle loi sur les étrangers (LEtr) en ce qui concerne les exigences posées aux étrangers en matière d’intégration et de connaissances linguistiques; améliorer les instruments de prise de décision, afin de garantir que seuls les étrangers qui sont bien intégrés obtiennent la nationalité suisse; réduire les charges administratives des autorités communales, cantonales et fédérales en simplifiant et harmonisant les procédures et en clarifiant leurs rôles respectifs en matière de naturalisation.

Date limite: 22.03.2010

Documents à télécharger:

Loi actuelle : RS 141.0
Projet soumis à consultation : http://www.admin.ch/ch/f/gg/pc/documents/1883/Vorlage.pdf
Rapport explicatif : http://www.admin.ch/ch/f/gg/pc/documents/1726/Bericht.pdf
Lettre d'accompagnement cantons
Lettre d'accompagnement partis
Destinataires
Questionnaire



LE TEMPS

«La naturalisation devrait être l’ultime étape d’une intégration réussie»

Par Denis Masmejan, Berne
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/4a20f4f8-eb54-11de-ae4e-88a1c43c6299/La_naturalisation_devrait_%EAtre_lultime_%E9tape_dune_int%E9gration_r%E9ussie

Eveline Widmer-Schlumpf veut abréger la durée de résidence nécessaire pour obtenir le passeport suisse, mais exiger en contrepartie une intégration plus profonde

Eveline Widmer-Schlumpf propose de remodeler entièrement la loi sur la nationalité. Elle a obtenu l’aval du Conseil fédéral pour mettre en consultation une révision complète du texte actuel. La conseillère fédérale veut raccourcir la durée du séjour en Suisse nécessaire pour obtenir le passeport à croix blanche de 12 à 8 ans, tout en relevant le niveau des exigences relatives à l’intégration des candidats au passeport suisse.

La naturalisation ne devrait être que l’ultime étape, couronnant une intégration réussie, est venue expliquer Eveline Widmer-Schlumpf jeudi devant la presse. Il est légitime d’attendre des candidats à l’obtention de la nationalité suisse qu’ils déploient au moins autant d’efforts qu’en exige cette loi pour l’octroi d’une autorisation d’établissement, a justifié la ministre de la Justice à propos d’un thème qui reste, trois semaines après le vote sur les minarets, particulièrement sensible. Des préoccupations similaires ont déjà amené le Conseil national, en mai dernier, à approuver sans opposition une motion de commission allant dans le même sens.

Le respect de la Constitution

Dès lors, les candidats à la naturalisation ordinaire doivent obtenir au préalable un permis C, ce qui suppose que leur intégration ait déjà été prise en compte, comme l’exige désormais la législation sur les étrangers. La loi actuelle sur la nationalité ne définissant pas avec suffisamment de précision ce qu’il faut entendre par intégration, les critères requis doivent être harmonisés avec la législation sur les étrangers, propose Eveline Widmer-Schlumpf.

Les candidats devront ainsi, par leur comportement, témoigner du respect des principes fondamentaux de la Constitution, comme ils devront être aptes à communiquer dans une langue nationale, se montrer désireux de participer à la vie économique et prêts à se former en conséquence.

Encourager les plus rapides

Au nombre des valeurs que les candidats sont appelés à partager s’ils veulent devenir citoyens suisses, le rapport explicatif du Conseil fédéral cite les droits de l’homme, mais aussi «le monopole de la puissance étatique» et l’égalité de l’homme et de la femme – avertissements à peine dissimulés aux tenants de la pratique de la charia ou du port de la burqa. Il convient par ailleurs d’encourager une intégration rapide et d’abréger à cette fin à 8 ans la durée actuelle de 12 ans de séjour en Suisse. Le projet entend par là encourager la naturalisation de ceux qui s’intègrent le mieux.

Eveline Widmer-Schlumpf souhaite également harmoniser les durées minimales de résidence exigées par les cantons et les communes. Elle propose deux variantes. La première, la plus respectueuse des compétences cantonales, se contente de prescrire que les cantons ne peuvent exiger une résidence plus longue que celle qui est nécessaire pour une intégration réussie et que le séjour dans un autre canton doit être pris en compte de manière appropriée. La seconde variante fixe à trois ans au maximum la durée de résidence que les cantons et les communes peuvent exiger sur leur territoire.

Le projet mis en consultation ne confère aux candidats aucun droit à la naturalisation, a précisé la ministre de la Justice. Il laisse les cantons libres de décider du choix de l’organe compétent pour octroyer le droit de cité et ne remet en particulier pas en cause la naturalisation par les assemblées de commune, a-t-elle également souligné.

Sécurité intérieure

Il n’en reste pas moins qu’il renforce de manière non négligeable l’encadrement de la procédure de naturalisation par le droit fédéral. A des fins de simplification, les dispositions proposées départagent plus clairement les compétences respectives de la Confédération et des cantons que ne le fait le droit actuel. La première se voit ainsi reconnaître la responsabilité de déterminer si un candidat a des antécédents pénaux ou représente une menace pour la sécurité intérieure ou extérieure, tandis que les cantons examineront ce qui relève de l’échelon local: poursuites, incidents scolaires, etc.

samedi 19 décembre 2009

Des migrants éthiopiens bloqués bénéficient d'une aide au retour et à la réintégration

Libye - Quelque 160 migrants éthiopiens en situation irrégulière, qui étaient bloqués en Libye sans argent ni documents de voyage, bénéficient d'un programme de l'OIM d'aide au retour volontaire et à la réintégration.

Mardi, les 160 migrants sont montés à bord d'un charter dans la ville de Sebbha, au sud de la Libye, pour un vol de cinq heures vers Addis Abeba. A leur arrivée, ils ont été accueillis par le personnel de l'OIM et ont immédiatement reçu un soutien humanitaire, dont notamment une aide financière de 400 euros par personne pour permettre aux rapatriés de démarrer des activités génératrice de revenus.

« Comme tant d'autres, ces migrants bloqués se sont rendu compte qu'il n'avait pas d'avenir en Libye. Ils ont alors voulu rentrer chez eux mais ne pouvaient pas car ils n'avaient ni argent, ni papiers », explique Laurence Hart, chef de mission de l'OIM à Tripoli. « L'Ethiopie n'a pas de représentation diplomatique en Libye. L'OIM a donc aidé à organiser plusieurs visites consulaires, qui ont permis de fournir des papiers aux 160 migrants bloqués. »

Certains des migrants aidés par l'OIM ont confié qu'ils étaient arrivés en Libye après de périlleux voyages à travers le désert. Beaucoup ont déclaré qu'ils étaient en Libye depuis des années et qu'ils tentaient de subsister sans papiers ou d'économiser pour un autre dangereux périple en bateau en direction de l'Europe.

« De nombreux migrants ont déclaré se sentir honteux de rentrer chez eux sans rien, après avoir dépensé des milliers de dollars pour les réseaux de passeurs », explique Laurence Hart. « L'aide à la réintégration fournie par l'OIM les aide à surmonter leur échec et leur donne l'espoir d'avoir un avenir chez eux. »

Le programme de l'OIM d'aide au retour volontaire et à la réintégration est financé par l'Italie, le Royaume-Uni et la Commission européenne. Il est mené à bien en coopération avec les autorités libyennes et éthiopiennes.

Le programme, créé en juillet 2006 a aidé jusqu'ici plus de 3 800 migrants originaires d'Afrique et d'Asie, bloqués et souvent démunis, à retourner chez eux dans la dignité.

En raison de sa position géographique et ses frontières terrestres et maritimes quelque peu poreuses, la Libye est à la fois un pays de destination et un pays de transit pour les migrants en situation irrégulière. Ils sont attirés par la demande de travail non qualifié et par l'économie plus ou moins forte. Ils seraient ainsi plus d'un million dans ce cas.

Lu sur le site de l’OIM, Organisation internationale pour les migrations

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Voir ce reportage de France 2

Afflux record de réfugiés africains au Yémen en 2009

La traversée du golfe d'Aden est souvent mortelle18 décembre 2009 – Le nombre d'Africains gagnant le Yémen en traversant le golfe d'Aden et la mer Rouge a augmenté de 50% en 2009, soit 74.000 arrivées, ce qui constitue un nouveau record, selon les dernières statistiques du Haut Commissariat de s Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) rendues publiques vendredi.

L'année 2008, qui avait déjà été une année record, avait vu 50.000 réfugiés gagner le Yémen. Cette année, les Ethiopiens, au nombre de 42.000, ont été les plus nombreux à fuir leur pays pour rejoindre le Yémen, devant les Somaliens (32.000 arrivants).

Un porte-parole du HCR à Genève a rappelé le caractère dangereux de la traversée qui se fait « dans des conditions épouvantables » à bord de bateaux de passeurs. Les réfugiés dans certains cas ils sont battus, violés, tués ou jetés par-dessus bord dans des eaux infestées de requins. Parfois, les embarcations surchargées chavirent. Le HCR a comptabilisé 309 morts par noyade cette année contre 590 l'an dernier.

A leur arrivée au Yémen, tous les ressortissants somaliens sont reconnus automatiquement en tant que réfugiés par les autorités. Ce pays abrite actuellement 150.000 réfugiés de Somalie.

En revanche, les autres nationalités doivent se soumettre à la procédure de détermination du statut de réfugié menée par le HCR. L'an dernier, la grande majorité des Ethiopiens ne se rendaient pas dans les centres de réception car ils n'avaient pas l'intention de faire valoir leur statut de réfugié, note le HCR. Les Ethiopiens s'efforcent en effet pour la plupart en effet de se rendre dans les pays du Golfe dans l'espoir d'y trouver du travail.

Toutefois, les personnes qui ne demandent pas le statut de réfugié et qui séjournent illégalement au Yémen courent le risque d'être arrêtées et expulsées. Le HCR souligne avoir fait part à de nombreuses reprises aux autorités yéménites de sa profonde préoccupation à ce sujet, les candidats au statut de réfugié n'ayant pas la possibilité de prendre contact avec lui dans le cadre d'une éventuelle demande d'asile. « Ce problème est prioritaire », a indiqué le porte-parole.

Un article du centre d'actualité de l'ONU

La mandataire reçoit la décision 57 jours après le renvoi de son mandant

L’ODM n’entre pas en matière sur la demande d’asile de « Kidane » et le renvoie vers l’Italie (en vertu des accords de Dublin) sans même en informer sa mandataire. Une absence de notification qui, selon le TAF, constitue une grave violation de procédure.

Personne(s) concernée(s) : « Kidane », homme né en 1985

Origine : Erythrée

Statut : renvoi Dublin -> retour en Suisse après recours

Lire la suite de cet article de l'Observatoire romand du droit d'asile et des étrangers

La Suisse doit accueillir 9 réfugiés qu'elle vient d'expulser

Excès de zèle? Pour l'heure, la décision du Tribunal Administratif fédéral est sans appel. "Neuf requérants d'asile expulsés doivent revenir en raison du non-respect du délai de recours prévu par l'accord de Dublin".

CS | 18-12-2009 | 10:16

Neuf requérants d'asile expulsés doivent revenir en Suisse. Cette décision a été prise par le Tribunal administratif fédéral (TAF) en raison du non-respect du délai de recours prévu par l'accord de Dublin. Trois de ces requérants sont déjà de retour.

Le délai de recours de cinq jours auquel les requérants déboutés ont droit,  n'a pas été respecté, a expliqué Christoph Bandli, président du TAF dans l'émission «10vor10» de la télévision alémanique.

Interrogée sur ces neuf cas, la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) Eveline Widmer-Schlumpf a expliqué qu'il s'agissait de cas particuliers. Le système fonctionne bien d'une manière générale, a estimé la conseillère fédérale à l'antenne de la télévision alémanique.

Article trouvé sur les Quotidiennes

"Le respect du droit d'asile en France n'existe plus"

Pour la Journée internationale des migrants vendredi, Emmaüs publie Visa pour le monde, un recueil de témoignages venus du monde entier. L'occasion pour Jean Rousseau, le président d'Emmaüs International, de revenir pour leJDD.fr sur l'expulsion de neufs Afghans mardi. Et d'appeler à une réflexion sur la libre-circulation des migrants.

Vue aérienne de la jungle de Calais, démantelée par les autorités fin septembre. Photo Reuters

Quelle est l'origine de cette journée internationale?
Cette journée internationale a été créée par les Nations unies en 2000. L'objectif était notamment de ratifier la Convention internationale des droits des travailleurs migrants. Mais celle-ci n'a pas vu le jour, seuls 37 Etats, essentiellement du Sud, l'ayant ratifié. Depuis quinze ans, l'accueil des migrants dans tous les pays suscite de grandes préoccupations. Les gens sont en grande difficulté. La mondialisation n'est pas intéressante pour les plus pauvres.

Ce phénomène va-t-il en s'aggravant?
C'est un phénomène qui est sous-estimé. On ne prend plus la peine de regarder pourquoi les gens migrent. Il y 200 millions de migrants dans le monde. Vingt millions d'entre eux migrent pour des problèmes de sécheresse. Ce phénomène va aller croissant. Or, la politique de fermeture des frontières et de rejet de l'étranger ne fonctionnent pas. Les gents continuent à venir.

Près de trois mois après le démantèlement de la "jungle" de Calais, les migrants sont-ils toujours présents dans le Nord de la France?
Bien sûr. Il y aura peut-être un petit effet de découragement. Certains passeurs auront peut-être été épinglés. Mais on constate désormais des déplacements des migrants vers la Belgique. Avec cette histoire, on reproduit ce qu'il s'est passé à Sangatte*. On tente d'effacer les traces de quelque chose de dérangeant, qui n'est pas beau à voir.

La suite dans le JDD.fr

vendredi 18 décembre 2009

La naturalisation ne devrait être que l’ultime étape, couronnant une intégration réussie,

Eveline Widmer-Schlumpf veut abréger la durée de résidence nécessaire pour obtenir le passeport suisse, mais exiger en contrepartie une intégration plus profonde

Eveline Widmer-Schlumpf propose de remodeler entièrement la loi sur la nationalité. Elle a obtenu l’aval du Conseil fédéral pour mettre en consultation une révision complète du texte actuel. La conseillère fédérale veut raccourcir la durée du séjour en Suisse nécessaire pour obtenir le passeport à croix blanche de 12 à 8 ans, tout en relevant le niveau des exigences relatives à l’intégration des candidats au passeport suisse.

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Eveline Widmer-Schlumpf veut accélérer le traitement des demandes


ATS

Joerg Gasser, directeur ad interim de l’Office fédéral des migrations et le conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. (Keystone)

Joerg Gasser, directeur ad interim de l’Office fédéral des migrations et le conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. (Keystone)

Eveline Widmer-Schlumpf veut accélérer le traitement des demandes d’asile. La procédure dite de non-entrée en matière (NEM) ne serait appliquée que si le requérant peut être renvoyé sans problème. Dans les autres cas, une procédure ordinaire mais raccourcie serait prévue

Comme elle l’avait annoncé, la ministre de justice et police veut revoir le régime des NEM qu’elle ne juge pas efficace. Un projet de révision des lois sur l’asile et sur les étrangers a été mis jeudi en consultation jusqu’au 22 mars.

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La procédure des NEM ne devrait subsister que pour Dublin


Eveline Widmer-Schlumpf veut revoir le régime des non-entrée en matière dont elle doute de l'efficacité. Un projet de révision des lois sur l'asile et sur les étrangers a été mis en consultation jusqu'au 22 mars.

La procédure de non-entrée en matière pour une demande d'asile ne devrait plus qu'être appliquée pour les cas relevant du régime de Dublin ou dans lesquels le requérant est renvoyé dans un pays tiers sûr. Une procédure simplifiée devrait être prévue pour les autres cas.

Pour les cas qui resteront soumis à la procédure actuelle, une décision de non-entrée en matière sera prononcée en l'absence de motifs d'asile pertinents, par exemple lorsque le requérant invoque des motifs d'ordre exclusivement médical ou économique. Dans les autres cas, une procédure complète mais raccourcie serait prévue. Le délai de recours sera toutefois réduit de 30 à 15 jours.

En guise de mesure d'accompagnement, la ministre de justice et police propose que la Confédération verse désormais une contribution à un conseil accordé aux requérants d'asile en matière de procédure et d'évaluation des chances. Assuré par des tiers, ce service devrait remplacer la présence du représentant des oeuvres d'entraide lors des auditions sur les motifs de la demande d'asile.

France: comment bannir la burqa ?

La polémique suisse sur les minarets fait tache d’huile outre-Jura. Les députés cherchent le meilleur moyen pour interdire le port du voile intégral. Par Jean-Noël Cuénod, Paris, pour 24 Heures.

image COIFFES Les différents types de voiles musulmans: le hidjab (en haut à gauche), le niqab (en haut à droite), le tchador (en bas à gauche) et la burqa (en bas à droite). Photo AFP

La polémique suisse sur les minarets a réveillé en France un autre débat: celui du voile intégral musulman ou niqab, improprement dénommé burqa (costume afghan). Le Ministère de l’intérieur estime à 2000 le nombre de femmes «envoilées» intégralement, outre-Jura.

A l’initiative du député communiste André Gerin, une mission parlementaire a planché sur cette question ces six derniers mois. Ses travaux viennent de se terminer. Les membres de ce groupe présenteront leurs conclusions à l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale, fin janvier.

Même si les avis divergent au sein de chaque camp politique, il semble que les députés prennent le chemin d’une proposition de loi interdisant le port du voile. Mais sous quelles formes? Trois pistes se dessinent, avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients.

Interdiction totale du voile intégral dans la rue

Avantage: le but est clairement défini. Certains députés ont même proposé une amende aux porteuses de niqab, entre 1500 et 3000 euros (2200 4500 francs).

Inconvénient: cette loi serait difficilement applicable dans la vie quotidienne, les policiers étant débordés par des missions plus urgentes.

Interdiction du voile intégral, uniquement dans les administrations (préfectures, mairies, etc.)

Avantage: l’application s’en trouve facilitée. Si vous portez le niqab, vous n’entrez pas dans la préfecture, un point c’est tout.

Inconvénient: il stigmatise l’appartenance à un groupe humain particulier et peut être considéré comme un acte hostile aux musulmans; même si le port du voile intégral relève de la coutume et non pas de l’islam, le Coran ne le prescrivant pas.

Interdiction de masquer son visage sur la voie publique

Avantage: cette loi ne stigmatiserait pas celles qui portent le voile intégral puisqu’elle s’appliquerait à tous, notamment à ceux qui se cagoulent dans une manif ou… lors de hold-up! Le but de ce texte relèverait alors de la sécurité publique.

Inconvénient: on retrouve les difficultés liées à l’application, compte tenu du surcroît de travail pour les policiers.

La Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg statuera sur l’interdiction des minarets en Suisse.

Cette instance acceptera-t-elle l’interdiction de porter le voile intégral? Consulté par les députés, le professeur de droit Guy Carcassonne penche pour une réponse affirmative, cacher son visage n’étant pas un droit inaliénable: «On veut interdire que des gens puissent s’extraire de la société (…), injurier tous les autres en leur disant «Vous n’êtes pas digne de voir mon visage.»

Berne veut réformer l’asile

Eveline Widmer-Schlumpf souhaite accélérer le traitement des demandes d’asile.

La ministre de Justice et Police veut revoir le régime des NEM (les requérants frappés de «non- entrée en matière») qu’elle juge inefficace. Un projet de révision des lois sur l’asile et sur les étrangers a été mis hier en consultation jusqu’au 22 mars. Selon ce projet, la procédure dite de non-entrée en matière (NEM) ne serait plus appliquée que si le requérant peut être renvoyé sans problème. Dans les autres cas, une procédure ordinaire, mais raccourcie, serait prévue. «Le délai de recours serait réduit de 30 à 15 jours et les auditions seraient menées plus rapidement», explique Eveline Widmer-Schlumpf.

Comme actuellement, une décision de non-entrée en matière serait prononcée en l’absence de motifs d’asile pertinents. Par exemple lorsque le requérant invoque des motifs d’ordre exclusivement médical ou économique.

Les partis politiques de gauche ont salué hier ce projet. Mais le Parti libéral-radical (PLR) et l’UDC ont sévèrement critiqué ces propositions du Conseil fédéral en matière de droit d’asile. Selon le conseiller national argovien Philipp Müller (PLR), avec une telle marche arrière, «la part des requérants d’asile qui se présentent sans papiers va à nouveau augmenter».

ATS

“Je ne veux pas vivre loin de ma sœur jumelle”

Paula est intégrée et travaille à Genève. Sa sœur jumelle réside aussi au bout du lac. Mariée, elle possède un permis, ce qui n’est pas le cas de Paula. La Suisse ne veut donc pas de cette Brésilienne, qui refuse d’être séparée de sa jumelle. Un article signé Eric Budry dans 24 Heures.

COMPLICES  Flavia (à g.), mariée à un employé d'ambassade, peut rester en Suisse. Mais sa jumelle Paula doit quitter notre pays au début de l'an prochain. Or, elle vit et travaille depuis dix ans à Genève. L'Office cantonal de la population dit avoir tout tenté pour trouver une solution avec les services de Berne. Genève, le 15 décembre 2009. Photo Pascal Frautschi Paula n’a en fait qu’un tort, c’est celui de ne pas être originaire de l’un des pays de l’Union européenne. Cette Brésilienne de 33 ans parle parfaitement le français, elle n’a jamais eu de problème avec la justice et a travaillé comme aide soignante spécialisée dans un EMS, un secteur qui manque de bras. En dépit de cela, et malgré la demande de Genève, la Suisse ne veut pas d’elle.

«Il faut que les Suisses sachent comment cela se passe, s’exclame Pierre Amann. C’est tout simplement kafkaïen!» Celui qui se définit comme le grand-père adoptif de Paula et de sa sœur, Flavia, a remué ciel et terre pour obtenir un permis. Il a même écrit à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. En vain. Début janvier, la jeune fille sera convoquée à l’Office cantonal de la population (OCP) pour un entretien préparatoire en vue de son départ, près de dix ans après sa venue en Suisse. Sa sœur, elle, peut en revanche rester puisqu’elle détient le précieux sésame.

Pierre Amann, que Paula a soigné durant une longue convalescence, ne peut accepter cette issue. «Il y a bien sûr le fait que je ne peux me passer d’elle, mais ce n’est pas le plus important. Entre jumeaux, des liens très particuliers se nouent. On a l’impression qu’il n’y a qu’un seul cœur qui bat dans deux cœurs différents.»

Dans le même EMS

Flavia et Paula acquiescent. «Depuis notre naissance, nous avons toujours été ensemble. Si nous ne nous voyons pas un jour, nous nous téléphonons trois à quatre fois.» Les deux sœurs, qui ont une formation d’infirmière, travaillaient en fait dans le même EMS. Flavia possède un permis car elle est mariée à un employé d’ambassade. En avril 2008, l’employeur de Paula a sollicité un permis B pour elle.

Le 16 juin, elle reçoit effectivement de l’OCP une autorisation de séjour, mais un document, le permis Ci, qui n’est délivré qu’aux conjoints et aux enfants de diplomates et fonctionnaires internationaux.

«Honnête comme elle est, explique Pierre Amann, Paula a renvoyé son permis à l’OCP en lui indiquant son erreur. Résultat: quatre mois plus tard, elle recevait un courrier qui lui donnait quinze jours pour quitter le territoire.»

Deux refus de Berne

Bernard Ducrest, responsable de la direction séjour à l’OCP, ne commente pas cet épisode, mais il précise ce que le canton a fait. «Genève a préavisé favorablement une autorisation de séjour pour un cas de rigueur, détaille-t-il. Nous avons mis en avant l’attachement très fort avec sa sœur, mais l’autorité fédérale a refusé. Il est vrai que, comparativement à d’autres cas encore plus dramatiques, cet argument avait peu de chances d’être accepté. Une demande a ensuite été faite pour un permis sur le contingent de main-d’œuvre étrangère. Nouveau refus. Nous avons tout essayé, je ne vois malheureusement pas d’autre possibilité.»

On peut l’imaginer, ces explications ne satisfont ni Pierre Amann ni les deux sœurs. «Faut-il, pour éviter l’expulsion, qu’elle brûle son passeport brésilien, vende des drogues dures dans la rue et se prétende Palestinienne ou Irakienne?» conclut-il, abasourdi et indigné.

Quatre associations musulmanes de Suisse saisissent Strasbourg

Quatre associations musulmanes de Suisse ont saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Elles souhaitent que les juges de Strasbourg examinent la compatibilité de l'initiative anti-minarets acceptée par le peuple suisse avec la Convention européenne des droits de l'homme.

Les quatre associations - la Ligue des musulmans de Suisse, la Fondation communauté musulmane-Genève, l'Association culturelle des musulmans de Neuchâtel et l'Association genevoise des musulmans - se disent "attristées" par le résultat du vote du 29 novembre, dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi.

Elles regrettent que les initiants "aient pu grâce à leur propagande déformée mobiliser une grande partie de la population en éveillant chez eux des peurs qui n'ont rien à voir avec les musulmans" de Suisse.

Les quatres associations ont mandaté l'étude de Me Ridha Ajmi, avocat à Genève. Ce dernier a saisi la Cour de Strasbourg mercredi dernier.

La CEDH a reçu cinq courrier au cours des derniers jours qui protestent contre la votation sur les minarets, outre la requête de l'ancien porte-parole de la mosquée de Genève Hafid Ouardiri.

Interrogée jeudi par l'ATS, une porte-parole de la Cour a indiqué que ces lettres étaient actuellement en cours d'évaluation en vue de déterminer si elles pourront être enregistrées sous forme de requête.

Elle n'a pas communiqué l'identité des auteurs de ces cinq courriers "de portée très générale", selon ses mots.

(ats)

jeudi 17 décembre 2009

Un prince saoudien juge le vote démocratique

«Il n’y aura pas d’islamisation de la Suisse»


Jörg Stolz. (Eddy Mottaz)

Jörg Stolz. (Eddy Mottaz)

A l’occasion des dix ans de l’Observatoire des religions en Suisse, son directeur, Jörg Stolz, commente le vote sur les minarets

L’Observatoire des religions en Suisse, basé à l’Université de Lausanne, fête aujourd’hui ses dix ans. Avec humour, son jeune directeur, le sociologue Jörg Stolz, dit qu’il est un produit de la sécularisation. Car plus une société se distancie de ses bases religieuses, plus il apparaît nécessaire d’étudier ces phénomènes étranges que sont les croyances, les rites, les pratiques. L’Observatoire a succédé à l’Institut d’éthique sociale de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. Son approche des questions religieuses est non confessionnelle, et une dizaine de chercheurs y travaillent. Il faut dire que la Suisse est une terre d’élection pour les études de sociologie religieuse, puisqu’elle comporte plus de 490 groupes religieux, qui cohabitent plutôt paisiblement. Le vote sur les minarets va-t-il remettre en question cet équilibre délicat? Entretien.

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Minarets: la Cour des droits de l'homme accepte le recours


STRASBOURG | Le recours déposé par Hafid Ouardiri a été déclaré recevable par les juges de Strasbourg. Impossible par contre de savoir quand la Cour statuera.

© KEYSTONE | Hafid Ouardiri verra son recours étudié par la Cour européenne des droits de l'homme

ATS/ANSA | 16.12.2009 | 19:45

La Cour européenne des droits de l'homme a reçu le recours de l'ancien porte-parole de la mosquée de Genève Hafid Ouardiri contre l'interdiction des minarets. Elle précise qu'il est trop tôt pour pouvoir dire quand une décision pourra être prise sur la recevabilité du texte.

Dans le recours, cité par l'agence italienne Ansa, il est écrit que l'interdiction constitue une violation des articles 9, 13 et 14 de la Convention européenne des droits de l'homme. Ces articles sanctionnent le droit à la liberté de pensée et de religion, le droit à ne pas être discriminés et le droit à la possibilité de recours devant une instance nationale.

Hafid Ouardiri a annoncé son recours mardi. Le bâtonnier genevois Pierre de Preux, un des cinq avocats représentant le recourant, a admis certaines difficultés de recevabilité. Le président de la Cour européenne des droits de l'homme, Jean-Paul Costa, a récemment indiqué que le problème était «compliqué au niveau juridique».

Avant de pouvoir saisir la Cour, les plaignants doivent d'abord avoir épuisé toutes les voies de recours dans leur pays. Or «il n'est pas possible de saisir le Tribunal fédéral contre le résultat d'un vote populaire», expliquait début décembre M. Costa devant des journalistes à Bruxelles.

Ces difficultés peuvent toutefois être résolues par certaines jurisprudences de la Cour européenne elle-même, selon le bâtonnier genevois.

Simple course Guantánamo- Genève pour un Ouzbek


ASILE | La Suisse a donné son feu vert à l’accueil à Genève d’un ex-détenu de Guantánamo. Deux Ouïgours sont sur la liste d’attente.

© BRENNAN LINSLEY / KEYSTONE | Barack Obama avait demandé à plusieurs pays d’accueillir des prisonniers de Guantánamo contre lesquels aucune charge n’a été retenue.
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LAURENT AUBERT | 17.12.2009 | 00:02

«Nous voulions régler en 2009 encore la question de l’accueil d’un ex-détenu de Guantánamo.» Eveline Widmer-Schlumpf était trop contente hier d’avoir enfin une bonne nouvelle à annoncer. Début 2010, un Ouzbek emprisonné à Guantánamo depuis 2002 sera accueilli à Genève. Cette arrivée concrétise la procédure engagée en janvier dernier, lorsque Barack Obama avait annoncé la fermeture de Guantánamo et avait demandé à plusieurs pays d’accueillir des détenus contre lesquels aucune charge n’a été retenue.

La ministre de la Justice l’a souligné, les critères de sécurité, d’intégration et de santé ont été déterminants pour la sélection que la Suisse a dû opérer. Au départ, les Etats-Unis ont proposé quatre détenus. L’enquête menée par une délégation suisse a abouti à l’élimination de l’un d’eux pour des raisons de sécurité. Les trois autres – un Ouzbek et deux Ouïgours – remplissaient en revanche toutes les conditions. Mais, comme l’a admis Eveline Widmer-Schlumpf, «le risque zéro n’existe pas, pour quelque individu que ce soit.»

Genève, qui est finalement le seul canton prêt à accueillir des ex-détenus après le désistement de Fribourg et de Zurich, a choisi l’Ouzbek. Ce dernier suivra un programme d’intégration, «il est prêt à apprendre le français, il souhaite recommencer sa vie en Suisse», a précisé la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP). Il recevra un permis humanitaire et sera autorisé à travailler. Cet homme, qui a été persécuté comme musulman en Ouzbékistan, ne peut pas rentrer dans son pays.

Le président du Conseil d’Etat genevois, François Longchamp, a souligné que cet accueil s’inscrit dans la vocation humanitaire du canton. Pour des raisons de sécurité, il s’est refusé à donner le moindre détail sur la personnalité de ce réfugié, sur la date de son arrivée en Suisse ou sur les modalités de son hébergement.

Comme la Confédération, Genève sera partiellement indemnisé par les Etats-Unis. Les modalités du transfert figurent en effet dans un mémorandum of understandingsigné par la Suisse, qui doit être encore ratifié par le Congrès américain. Eveline Widmer-Schlumpf a réfuté tout rapport entre cet accord et l’affaire UBS. «Mais cela ne nuira pas à notre image», a-t-elle reconnu.

Dans d’autres cantons
Les deux Ouïgours qui remplissent aussi les conditions pour venir en Suisse restent pour l’instant sur le carreau. La cheffe du DFJP n’a pas exclu qu’une solution puisse être trouvée dans d’autres cantons. Par la bouche de son délégué à la communication, le directeur vaudois de la Justice, Philippe Leuba, rappelle sa position: un accueil est possible à condition que la sécurité soit garantie de manière absolue. Pour l’heure, le magistrat estime que le dossier reste du ressort de la Confédération.

Si le Parti socialiste perçoit «un signe d’ouverture et de solidarité», les libéraux radicaux estiment que cette décision ne doit en aucun cas constituer un précédent. De son côté, le président du PDC, Christophe Darbellay, soupçonne la Suisse d’avoir donné «un gage de bonne volonté aux Etats-Unis». Quant à l’UDC, elle ne voit «aucune raison d’accueillir un prisonnier de guerre des Etats-Unis»