samedi 30 août 2008

Permis plus précaires pour les étrangers mal intégrés

SEJOUR. Deux commissions veulent serrer la vis en précisant les critères d'intégration dans la loi existante.

Par Valérie de Graffenried dans le Temps



L'étau se resserre autour des étrangers qui s'adaptent mal. Délivrer les autorisations d'établissement uniquement en cas d'intégration réussie et ne prévoir que des permis à l'année pour les étrangers mal intégrés: voilà deux mesures que la majorité de la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats vient d'adopter. Avec ce feu vert, elle a donné de fait, par 7 voix contre 3, son aval à l'élaboration d'un projet de loi en ce sens par son homologue du National.

vendredi 29 août 2008

Sainte-Croix a bâti un pont entre sa population et les migrants

Les premiers requérants ont été accueillis dans le centre du balcon du Jura en janvier 1998. La structure fête ce week-end le 10e anniversaire d’une présence généralement bien acceptée par la population. FRÉDÉRIC RAVUSSIN dans 24 Heures.

10 ans du centre de requérants de St-Croix

ÉCHANGE Pour ses 10 ans, le centre de Sainte-Croix ouvre ses portes au public, comme il l’avait fait au printemps 2007 pour inaugurer son nouveau vestiaire. MICHEL DUPERREX


Hiver 1997-1998: le conflit ethnique fait rage au Ko­sovo et jette sur la route de l’exil de nombreuses person­nes. Devant cet afflux de mi­grants, le canton de Vaud doit ouvrir plusieurs centres d’héber­gement collectif et porter leur nombre à 18. A Sainte-Croix, l’Etat trouve chaussure à son pied dans une ancienne infirme­rie des usines Paillard.
«Les premières arrivées dans ce centre de premier accueil ont été enregistrées le 15 janvier 1998», souligne Emmanuelle Marendaz Colle, chargée de com­munication de l’EVAM (Etablis­sement vaudois accueil aux mi­grants). Aujourd’hui, et depuis la réorganisation de l’ex-Fareas en 2006, le site est devenu un pas­sage obligé pour tous les requé­rants affectés au canton de Vaud. Après avoir transité dans un des centres d’enregistrement de la Confédération (60 jours maxi­mum), ils arrivent à Sainte-Croix pour se familiariser avec la vie en Suisse, ses us et coutume, et suivre des cours de français.
Situation différente

La situation y est très différente de celle rencontrée dans les cen­tres d’enregistrements comme ce­lui de Vallorbe. A Sainte-Croix, les migrants ont des chambres et pas des dortoirs et ils sont occupés à différentes tâches. C’est une des raisons qui font que les relations avec la population se passent mieux que sur les bords de l’Orbe. «Ils sont aussi au début de leur séjour en Suisse. Leur comporte­ment peut changer plus tard, quand ils n’ont plus rien à perdre», souligne Emmanuelle Marendaz Colle.
Bénévoles engagés

Elle relève en outre que le réseau de bénévoles – qui jette un pont entre requérants et po­pulation – est particulièrement actif du côté du balcon du Jura. Mais la chargée de communica­tion ne veut toutefois pas enten­dre parler d’exception pour le site de Sainte-Croix, qui peut accueillir jusqu’à 125 personnes: «La situation a changé dans le canton. A Bex, un match de foot entre population et requérants a par exemple apaisé les ten­sions

jeudi 28 août 2008

L'initiative antiminarets viole les droits de l'homme et menace la paix religieuse»

Eveline Widmer-Schlumpf, venue présenter le message du Conseil fédéral. La Suisse compte trois minarets, à Genève, à Zurich et à Winterthour. Deux autres sont prévus, à Wangen bei Olten (SO) et à Langenthal (BE). (photo: Keystone)
ISLAM. Pressé, le Conseil fédéral a transmis hier son message au parlement. Il recommande le rejet du texte lancé par la droite ultranationaliste, en soulignant notamment qu'il heurte plusieurs valeurs fondamentales. Et qu'il rate sa cible.

Lire l'article du Temps

Philippe Leuba refuse de coller des amendes aux mendiants

 

J’ai le sentiment que le canton est confronté à d’autres problèmes de sécurité que la mendicité PHILIPPE LEUBA

 

 


Le but de ma proposition est d’enlever l’intérêt à mendier dans le canton OLIVIER FELLER

Interdire et sanctionner les mendiants: au Grand Conseil, une commission a accepté de renvoyer au gouvernement la proposition du radical Olivier Feller.
Le conseiller d’Etat libéral juge le projet inapplicable et en appelle au respect de l’autonomie communale.
Un article de Mehdi-Stéphane Prin dans 24 Heures.
La mendicité n’a pas fini de mettre en ébullition le Grand Conseil. Après avoir refusé ce printemps la de­mande UDC d’un rapport sur le sujet, une commission vient d’accepter une proposition radi­cale d’interdire de faire la man­che. Le plus surpris de ce re­tournement de tendance est cer­tainement le conseiller d’Etat Philippe Leuba. Le chef du Dé­partement de l’intérieur ne veut pas entendre parler d’une loi cantonale menaçant les men­diants de 90 jours-amendes.
Situation inégale dans le canton

Pour une petite voix, une com­mission a, en effet, décidé de recommander le renvoi de la motion du radical Olivier Feller au gouvernement. Si le législatif confirme prochainement cette position, Philippe Leuba sera alors obligé de présenter un pro­jet pour mettre à l’amende les mendiants. Le magistrat libéral a bien l’intention de se battre contre cette perspective. «Même si je ne veux pas en faire l’affaire de la législature, ce n’est pas au canton de légiférer sur une in­terdiction de la mendicité. Il s’agit d’une affaire communale. Sinon, autant tout centraliser. Les mendiants ne posent tout de même pas les mêmes problèmes à Lausanne, à Renens ou à Gou­moens- le-Jux.» Sur le fond, l’idée de crimina­liser la mendicité ne trouve pas non plus grâce aux yeux de Philippe Leuba. «J’ai le senti­ment que le canton est con­fronté à d’autres problèmes de sécurité que celui-ci. Si nous interdisons, il faudra bien pré­voir une sanction pour les con­trevenants. Comme ils n’auront pas d’argent pour payer une amende, faut-il ensuite les en­voyer en prison?» Bref, le libéral estime une interdiction inappli­cable dans la pratique.
Précédent libéral genevois

«Le but de ma proposition est d’enlever l’intérêt à mendier dans le canton, réplique Olivier Feller. J’ai opté pour une solu­tion efficace, et l’argument de l’autonomie des communes est un faux problème. La Confédé­ration édicte bien des interdic­tions générales pour tout le pays.» En outre, le député radi­cal se défend de chasser sur les terres de l’UDC. «A Genève, c’est un libéral, Christian Lüscher, qui a défendu et obtenu l’interdic­tion de la mendicité.» L’argument amuse le prési­dent du groupe libéral au Grand Conseil, Jean-Marie Surer: «Ce combat a même permis à Chris­tian Lüscher de se faire un nom pour son élection au Conseil national.» En février dernier, lorsqu’il a déposé sa motion, Olivier Feller était encore en pleine course pour la présidence des radicaux vaudois. Pour le député socialiste et membre de la commission, Roger Saugy, l’interdiction de la mendicité s’explique surtout par la volonté de plaire aux électeurs. «Mes petits camarades du centre­droite ne savent plus comment réagir face au populisme de l’UDC. Cette tendance à la su­renchère existe partout, même chez certains socialistes. Je sens également un grand malaise des députés face aux mendiants. Leur image nous gène et nous voudrions la dissimuler. Sincère­ment, une interdiction ne va pas résoudre ce problème de société. Nous allons peut-être avoir plus de musiciens de rue…»

Le dessin du jour

 

Signé Bürki

SIGNÉ BURKI    Philippe Leuba critique la motion d’Olivier Feller contre la mendicité.

Intégrer par le dialogue

Jacqueline de Quattro, cheffe du département de la sécurité et de l'environnement, est l'invitée de la rubrique Réflexion de 24 Heures.

Jacqueline de Quattro

Il n’y a pas de liberté sans sécurité. Les Suisses, et par­ticulièrement les Vaudois, en sont convaincus. Un mes­sage que j’ai bien entendu. Mon ambition, conjuguée à celle du Parti radical suisse, est de met­tre en place une stratégie natio­nale en matière de sécurité et d’intégration. Une stratégie où le dialogue et l’ouverture l’em­portent sur les idéologies de haine et d’exclusion.
De la parole aux actes. Ce printemps, les radicaux ont mis en place une task force Sécu­rité, que je préside. L’une de nos premières tâches a été de plan­cher sur les questions de la petite délinquance et de la sup­pression des jours-amendes. Une initiative parlementaire a été déposée aux Chambres fédé­rales, exigeant une modification du Code pénal. Le but est de supprimer la peine pécuniaire ou de la rendre subsidiaire à la peine privative de liberté et au travail d’intérêt général.
L’intégration des étrangers est également au centre des travaux de la task force. Nous demandons une loi-cadre sur l’intégration. Une législation qui fixe des standards mini­maux pour tout le pays, tant au niveau des objectifs, des moyens que du financement. Certes, certains cantons comme Vaud ont déjà légiféré, ce qui me réjouit. Mais l’intégration doit devenir une priorité natio­nale.
L’objectif d’une telle loi-ca­dre est de permettre une coha­bitation pacifique, basée sur le respect mutuel des autochto­nes et des populations issues de l’immigration. Une intégra­tion réussie induit des droits et des devoirs. Les migrants ont le devoir de s’adapter aux rela­tions sociales et aux conditions de vie qui ont cours en Suisse. Ils doivent ainsi posséder le niveau nécessaire de connais­sance linguistique. Et les prin­cipes de notre Etat de droit comme notre ordre démocrati­que s’imposent à tous.
Pour les radicaux, l’intégra­tion commence à la naissance ou dès l’arrivée en Suisse. Elle intervient dans le cadre des structures existantes, forma­tion, travail, santé, politique migratoire, sécurité. Pour en­courager cette intégration, des conventions peuvent être pré­vues. L’attribution ou le prolon­gement d’un titre de séjour peuvent être assujettis à la con­clusion d’un tel accord.
Les radicaux veulent collabo­rer avec les associations d’étrangers. Nous sommes per­suadés que ces organisations peuvent apporter une contri­bution importante à l’intégra­tion des étrangers et, par là même, à l’amélioration de la sécurité. Nous voulons les re­connaître comme des partenai­res, tout en les mettant face à leurs devoirs.
Nous appelons les commu­nes à multiplier les projets avec les organisations qui sont re­connues comme des leaders par leurs ressortissants. Les personnes naturalisées doivent aussi être associées, car elles peuvent apporter beaucoup à l’intégration des étrangers de par leur compréhension des deux cultures.
Je souhaite que ces proposi­tions soient examinées attenti­vement par la classe politique. Le Conseil fédéral a annoncé, lors des entretiens de Watte­ville, qu’il présenterait un rap­port sur le projet d’une loi-ca­dre au début 2009. Rappelons­nous qu’agir ensemble, c’est construire la Suisse de demain.

«Ce n’est pas comparable à l’affaire des caricatures»

Tamer AboaleninPour Tamer Aboalenin, correspondant en Suisse d’Al Jazeera, l’initiative populaire «contre la construction de minarets» ne provoquera pas les mêmes réactions violentes que la publication des caricatures de Mahomet au Danemark.
En Suisse depuis vingt ans, il relaie toutefois le malaise que provoque ce texte dans le monde musulm an. Un article signé Romain Clivaz,  pour 24 Heures.
– Le gouvernement s’oppose à l’initiative visant à interdire la construction de minarets. Cette position était-elle attendue dans le monde musulman?

– Oui. La Suisse y est considé­rée comme un excellent exem­ple de respect des droits de l’homme et des minorités. A cela s’ajoute sa caractéristique multiculturelle. Sa neutralité est également appréciée. On n’aurait donc pas compris que son gouvernement accepte une telle proposition. Cela d’autant plus que votre pays défend ces principes sur la scène interna­tionale. A cela s’ajoute qu’ôter un droit uniquement aux mu­sulmans serait perçu comme une injustice. Le gouverne­ment a donc fait ce qu’on attendait de lui.
– Le texte est-il connu?

– Bien sûr!
– Y a-t-il d’autres exemples comparables en Europe?
– Non. Les partis d’extrême droite d’autres pays n’ont pas eu l’idée d’interdire la cons­truction de minarets. On est donc d’autant plus étonné que cela vienne de la Suisse.
– Justement, comment cette initiative est-elle concrètement perçue?

– Il n’y a pas eu de réactions directes de la part de gouver­nements. Mais l’initiative a préoccupé l’Organisation de la Conférence Islamique. En fin d’année dernière, cette der­nière a demandé des explica­tions au gouvernement suisse, à l’occasion d’une réunion en Arabie saoudite. Ces explica­tions, convaincantes, ont per­mis aux participants de bien comprendre le système politi­que suisse, les mécanismes de la démocratie directe, ainsi que l’origine non gouverne­mentale du texte.
– Fait-on la différence entre la position du gouvernement et une proposition émanant d’un groupe de citoyens?

– Au début, les choses n’étaient pas claires. Mais maintenant oui. Par contre, les propos outranciers de certains élus, qui considèrent l’islam comme «une déclaration de guerre», et non une religion, brouillent le message des auto­rités.
– Le gouvernement veut aller vite. Notamment pour éviter des dégâts d’image. Avez-vous remarqué de tels dégâts?

– Oui. Beaucoup de personnes expriment leur déception que l’idée vienne de Suisse. Mais il y a aussi des réactions positi­ves. Par exemple, lorsque les gens se rendent comptent qu’une majorité des partis po­litiques est opposée à l’initia­tive. Ou encore lorsque le pré­sident du PDC, Christophe Darbellay, a clairement pris position contre le texte, accu­sant les initiants non pas de vouloir interdire les minarets, mais tous les lieux de culte musulman.
– Un oui aurait-il un coût économique?

– Certainement. Cela ne serait pas bon pour le tourisme, l’horlogerie ou encore les éco­les privées.
– Les débats de votations sont souvent virulents, voire carica­turaux. Une nouvelle «affaire des caricatures» de Mahomet, avec son lot de violences, est-elle à craindre?

– Les deux situations ne sont pas comparables. Dans l’affaire des caricatures, c’était une atta­que directe contre notre reli­gion et la personnalité du Pro­phète. Cette initiative touche certes aux droits des musul­mans. Mais pas au coeur de leur religion. Quant aux intérêts suisses à l’étranger, ils ne sont pas menacés.
– La fille de Muammar Kadhafi a présenté l’arrestation de son frère à Genève comme symbolique du mauvais traitement réservé aux musulmans. N’y a-t-il pas un risque que l’on utilise cette initiative pour mettre la Suisse sous pression?

– On ne peut pas exclure qu’il y ait une instrumentalisation, comme dans le cas de la Libye. Mais il n’y a eu aucune réaction de solidarité en faveur de la Libye. Cela a plutôt été perçu comme une simple application de règles de l’Etat de droit suisse face à un comportement inapproprié. Et non comme quelque chose d’anti-musul­man.

Un texte qui viole la liberté religieuse

L’initiative sur les minarets viole les droits de l’homme, menace la paix religieuse et ne contribuerait nullement à endiguer le fondamentalisme islamiste. Fort de cette conviction, le Conseil fédéral recommande au parlement de rejeter ce texte sans contre-projet.
Le gouvernement confirme une nouvelle fois, dans son message publié hier, tout le mal qu’il pense de l’idée d’interdire la construction de minarets en Suisse.
«Cette initiative populaire apporte plus de problèmes qu’elle n’en résout», a résumé Eveline Widmer-Schlumpf.
Pas question toutefois de temporiser ou d’esquiver le verdict des urnes. Le texte, qui a réuni 113 540 signatures, n’enfreint pas les règles impératives du droit international. Il est donc valable et doit être soumis au peuple, a souligné la cheffe du Département de justice et police.
Le dernier mot reviendra aux Chambres, qui doivent encore se prononcer. La votation pourrait avoir lieu au plus tôt fin 2009. Reste que le texte est incompatible avec plusieurs dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et du Pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques. Et le Conseil fédéral de citer en premier lieu la liberté religieuse.
Celle-ci peut être restreinte, «mais à des conditions qui ne sont pas remplies ici.» Une interdiction générale de construire des minarets ne saurait en effet être justi­fiée par la sauvegarde de la sécurité et de l’ordre public.
Elle est également probléma­tique au regard du principe de non-discrimination, puisqu’elle ne vise qu’une religion, et pas les autres. ATS

mercredi 27 août 2008

Recommandations à la Suisse du Comité contre le racisme de l’ONU

http://www.humanrights.ch/home/fr/Suisse/Politique/Racisme/Etudes/idart_6010-content.html

Recommandations à la Suisse du Comité contre le racisme de l'ONU

Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) de l'ONU a examiné, les 8 et 11 août 2008, le rapport actuel préparé par la Suisse sur sa mise en œuvre de la Convention internationale pour l'élimination de la discrimination raciale lors de sa 73eme session à Genève. Dans ses recommandations finales du 15 août 2008, le Comité formule un certain nombre de recommandations critiques, dont certaines identiques à celles sur lesquels il s'était déjà exprimé, il y a six, lors de sa précédente prise de position relative à la Suisse. Une ONG appelle la société civile à réagir dès cet automne.

Les observations finales comprennent notamment les recommandations suivantes :

  • Renforcement du travail de sensibilisation par le gouvernement
  • Prise de conscience dans les cantons et les communes de la responsabilité fédérale dans la mise en œuvre de la Convention contre le racisme et collaboration
  • Adoption d'un plan national de lutte contre la discrimination raciale et la xénophobie et allocation de moyens financiers
  • Etablissement d'une institution nationale indépendante des droits humains et renforcement de la Commission fédérale contre le racisme
  • Adoption d'une définition légale de la discrimination raciale
  • Rapports de la mise en œuvre de la Convention par les cantons
  • Adapter les lois d'asile et des étrangers à la Convention (retrait de diverses réserves et adaptations légales)
  • Interdiction d'organisations racistes
  • Garantie des droits sociaux et culturels des gens du voyage en Suisse

Auditience de la délégation suisse

Une délégation suisse a donc défendu son quatrième, cinquième et sixième rapport devant le CERD. Le rapporteur du Comité pour l'examen du rapport, l'ambassadeur américain Pierre-Richard Prosper a demandé à la Suisse fédérale de faire preuve de volonté politique et d'exercer au mieux ses fonctions de «navire amiral» vis-à-vis des cantons. Un expert a relevé que dans son rapport, à chaque fois que quelque chose de contraire à la Convention est décelé – et donc reconnu – la Suisse cherche à le justifier en affirmant que cela a été approuvé par le peuple. A cette remise en question répétée du fédéralisme, la délégation a notamment rappelé qu'en vertu du principe de subsidiarité, les cantons assument toutes les tâches et tous les droits sauf celles et ceux attribués à la Confédération et que le droit fédéral prime. L'ambassadeur Prosper a loué parmi les efforts fournis par la Suisse depuis 2002 les développements en cours au niveau du droit pénal ainsi que dans la formation des policiers.

Le jugement de la coalition d'ONG quand aux réactions de la délégation reste critique. Christina Hausammann, co-dirigeante de Humanrights.ch et présente à Genève, ne voit que peu de domaines dans lesquels de réels progrès ont été réalisés. La plupart des recommandations données préalablement par le CERD aux autorités suisses n'ont pas été suivies, déclare-t-elle. Les débats autour des mesures d'intégration dont la professionnalisation des délégués à l'intégration au niveau des cantons sont cependant perçus par les ONG comme des développements positifs. Pourtant, elle rappelle que la Suisse manque de structure ou d'instruments effectifs pour assurer la mise en œuvre complète de la Convention. Une législation anti-discriminatoire adéquate figure aussi aux manquements de la Suisse.

Rapport alternatif : application mise à mal

Une coalition d'ONG a préparé le rapport alternatif concernant les quatrième, cinquième et sixième rapports périodiques relatifs à l'application en Suisse de la Convention internationale sur l'élimination de toute forme de discrimination raciale (ICERD). Le « livre noir » a été rédigé sous la houlette de Humanrights.ch. De plus, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) a pris position au sujet de ces rapports. C'est en 2002 que, pour la dernière fois, le Comité pour l'élimination de toute forme de discrimination raciale a émis des conclusions à propos de l'application de la Convention par la Suisse.

  • Un résumé des commentaires faits par les ONG est présenté en pages 5 et 6.

Les ONG insistent sur le fait que sont arrivés à des conclusions similaires aux leurs le Rapporteur spécial de l'ONU sur toutes formes du racisme, M. Doudou Diène, le Commissaire européen aux droits de l'homme, M. Alvaro Giles-Robles, qui ont effectué des visites en Suisse en 2006 et 2004 respectivement, ainsi que la Commission européenne contre le racisme (ECRI). Lors de l'Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l'homme, le traitement des migrants et une certaine tendance à la xénophobie et au racisme ont également été abordés.

ACOR SOS Racisme appelle les organisations qui s'engagent contre le racisme à faire connaître les recommendations du CERD et à se mobiliser pour leur mise en oeuvre.

Documents

Dans les médias

Information de fonds

SOS racisme à la dérive

Lire l'article du Courrier

DÉCONFITURE - Les conflits internes et les lacunes de gestion gangrenaient ACOR SOS Racisme depuis des années. Mais ses dirigeants ont tardé à réagir.
Il n'y a bientôt plus personne à bord. L'association ACOR SOS Racisme, à la dérive depuis plusieurs années, a vu ses principaux dirigeants quitter le navire ce printemps. Le coup de grâce a peut-être été donné au début du mois de juin, avec la décision du socialiste Oscar Tosato, municipal lausannois et membre fondateur de l'association, de se retirer du comité. Depuis la fin mai, ACOR SOS Racisme n'a plus aucun salarié, son secrétaire général, Karl Grünberg, ayant été licencié pour raisons économiques.

«Etat de déliquescence»

En mars dernier, Oscar Tosato avait déjà remis son mandat de président du comité, qu'il exerçait depuis quatre ans. Son successeur, socialiste lui aussi, n'aura pas eu autant de longévité: moins de trois mois après son entrée en fonction, Mazyar Yosefi envoyait sa lettre de démission, invoquant «l'état de déliquescence administratif d'ACOR SOS Racisme», une rupture de confiance avec Karl Grünberg et un manque de soutien du comité.
Dans la foulée, Jean-Michel Dolivo et Anne Papilloud, tous deux députés d'A gauche toute! au Grand Conseil, claquaient la porte à leur tour. Tout comme Oscar Tosato, ils réagissaient ainsi au refus de la majorité du comité de convoquer dans l'urgence une assemblée extraordinaire afin de faire le point de la situation.
Les causes de cette hémorragie? Depuis la fin de l'année 2005, ACOR SOS Racisme est plongée dans une profonde crise. Le principal élément déclencheur semble avoir été la suppression, à fin 2005, de la subvention fédérale de 100 000 francs qui était versée à l'association depuis cinq ans. Très rapidement, des conflits éclataient au sein de l'équipe, qui se cristallisaient autour de la personne de Karl Grünberg.


Des griefs identiques

Ces difficultés relationnelles, couplées aux soucis financiers, poussaient vers la porte les quatre autres salariés de l'association. On était alors à l'automne 2006. Peu de temps après, trois membres du comité démissionnaient. Les critiques fusaient contre Karl Grünberg: manque de professionnalisme dans la gestion, refus de toute remise en question, incapacité à travailler en équipe.
Un an et demi plus tard, les griefs formulés par certains des démissionnaires actuels font curieusement écho à ces reproches. «Karl Grünberg est brillant dans son domaine, mais c'est impossible de fonctionner avec lui, lâche Anne Papilloud. Dès qu'on n'est pas d'accord avec lui, il se braque. Il nie les problèmes.»
Des problèmes, il y en a pourtant à revendre. Une année et demie après la publication d'une bande dessinée contre le racisme, l'association doit toujours des dizaines de milliers de francs à l'imprimeur, au concepteur du projet et à certains dessinateurs (lire ci-dessous).


Subventions perdues

Le contexte politique n'est en outre pas le seul facteur dans la réduction des ressources financières d'ACOR SOS Racisme. En 2005, la subvention du canton de Vaud a certes été ramenée de 100 000 à 50 000 francs. Mais par la suite, l'association en a perdu encore un peu plus par sa négligence. En 2006, elle s'est vu priver de 20% de la manne vaudoise en raison d'importantes lacunes dans son rapport de gestion. «Pour 2008, la subvention à SOS Racisme était inscrite au budget, ajoute la coordinatrice cantonale à l'intégration, Magaly Hanselmann. Mais l'association n'a pas donné suite à nos démarches pour négocier une nouvelle convention.» Vaud a donc décidé de ne verser que la moitié de la somme.
Quant au canton de Genève, il n'a pas renouvelé cette année le contrat de prestation qui le liait, à hauteur de 100 000 francs, à SOS Racisme. «A une somme d'argent versée doit correspondre une certaine prestation, commente André Castella, délégué cantonal à l'intégration. Le bailleur doit en avoir pour son argent.» En proie à de grands doutes sur la question, le canton a donc commandé un audit. Ses conclusions devraient tomber dans une semaine. Contacté hier, Karl Grünberg n'a pas souhaité répondre à nos questions. «Je me suis engagé vis-à-vis de M. Castella à ne pas m'exprimer avant la fin de la procédure d'audit», explique-t-il.


Confiance aveugle?

Alors que les signaux d'alerte se multipliaient depuis des années, le comité de l'association semble avoir laissé la situation se dégrader. «Ce qui m'étonne le plus, c'est que le comité, malgré l'expérience politique de certains de ses membres, ait fait une confiance totale à une personne sans le moindre contrôle», lance Mazyar Yosefi. Oscar Tosato réfute cette accusation. L'ancien président met d'abord les difficultés de l'association sur le compte du contexte politique et de divergences idéologiques. «Karl Grünberg a-t-il commis des erreurs professionnelles? s'interroge Oscar Tosato. Dans toute entreprise, il y a des choses qui vont bien, et d'autres qu'il faut corriger

Le Conseil fédéral recommande le rejet sans contre-projet de l'initiative sur les minarets

RELIGION. L'initiative sur les minarets viole les droits de l'homme, menace la paix religieuse et ne contribuerait nullement à endiguer le fondamentalisme islamiste. Fort de cette conviction, le Conseil fédéral recommande au Parlement de rejeter ce texte sans contre-projet.

Lire la suite de cette dépêche de l'ATS sur le site du Temps

L´initiative sur les minarets viole les droits de l´homme, menace la paix religieuse et ne contribuerait nullement à endiguer le fondamentalisme islamiste, selon le Conseil fédéral, qui recommande au Parlement de...


Les initiants dénoncent une "accélération de l'islamisation rampante". Les initiants dénoncent une "accélération de l'islamisation rampante". [Reuters]

Minarets: Berne très ferme avec l'initiative

L'initiative contre les minarets et celle pour l'interdiction des exportations d'armes ont été rejetées mercredi par le Conseil fédéral. Le gouvernement recommande au Parlement de rejeter ces textes sa..


Minarets : le Conseil Fédéral veut un vote rapide

Minarets : le Conseil Fédéral veut un vote rapide Evelyne Widmer Schlumpf espère un vote rapide.[Kesytone]


L'initiative sur les minarets viole les droits de l'homme, menace la paix religieuse et ne contribuerait pas à endiguer le fondamentalisme islamiste : fort de ce constat, le Conseil Fédéral recommande au Parlement de rejeter ce texte, sans contre-projet. La Conseillère fédérale Evelyne Widmer Schlumpf espère d'ailleurs un vote rapide sur cet objet.


mardi 26 août 2008

Belgique : un air de révolte (suite)

Un air de révolte au centre fermé 127bis


http://www.metrotime.be/Un_air_de_revolte_br_au_centre_ferme_127bis.html

metro

La nuit a entre samedi et dimanche a été agitée au centre 127bis de Steenokkerzeel. Des incidents ont éclaté pour des raisons encore inconnues à l’intérieur du centre. Des demandeurs d’asile ont notamment bouté le feu à une poubelle dans les toilettes, ainsi qu’aux matelas de six chambres. La situation tendue a nécessité l’appel en nombre aux forces de l’ordre pour rétablir l’ordre au sein de l’établissement mais aussi pour prévenir les tentatives d’évasions. Plusieurs demandeurs d’asile ont profité de l’agitation pour essayer de s’échapper. Ils en ont été empêchés par les policiers. Un demandeur d’asile a cependant été légèrement blessé lors de cette évasion avortée. Malgré l’importance du dispositif déployé, le calme n’a pu être rétabli qu’à l’aube.

Après les incidents, les dégâts provoqués par l’incendie ont affecté deux des trois ailes du bâtiment. Les responsables de l’Office des étrangers qui ont évalué l’étendue des dommages ont été contraints de faire évacuer les deux ailes endommagées qui ont été rendues inutilisables.

Pour cette raison, seule une trentaine de personnes enfermées dans le centre ont pu rester sur place lorsque le calme est revenu. Pour des dizaines d’autres demandeurs d’asile, les responsables de l’Office des étrangers ont dû trouver des solutions de logement alternatives. La plupart ont été relogés dans d’autres centres d’accueil pour demandeur d’asile comme ceux de Merksplas, Bruges ou Vottem.

Une quarantaine de demandeurs d’asile ont été entendus par la police hier. Le but des enquêteurs est de faire toute la clarté sur le déroulement des événements. La police espère notamment identifier le ou les auteurs de l’incendie.

Quelques heures après les événements, les forces de l’ordre maintenaient toujours une présence important autour du centre fermé 127bis. e_SRit

/// www.dofi.fgov.be

lundi 25 août 2008

Belgique : là aussi, des rebellions dans les centres de détention administrative

Rébellion au 127 bis: un demandeur d'asile blessé

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/393038/2008/08/24/R-bellion-au-127-bis-un-demandeur-d-asile-bless.dhtml

Un demandeur d'asile du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel a été légèrement blessé, durant la nuit de samedi à dimanche, lors d'une tentative d'évasion.

Plusieurs demandeurs d'asile ont tenté de s'échapper du centre lors du chaos provoqué par un incendie bouté au bâtiment. La police a réussi à empêcher les occupants de s'évader. Un des demandeurs d'asile a été légèrement blessé.

Le parquet mène l'enquête sur ces incidents. On ignore encore si les troubles ont éclaté spontanément ou s'ils étaient le fruit d'une rébellion organisée. (belga/7sur7)

24/08/08 10h44



Le centre 127 bis partiellement évacué après des troubles

http://www.levif.be/belga/generale/78-6-62831/le-centre-127-bis-partiellement-evacue-apres-des-troubles.html

24/08/2008 09:51

A la suite de troubles qui ont éclaté, durant la nuit de samedi à dimanche, au centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel des dizaines d'occupants ont été transférés vers d'autres centres, à Melsbroek et Bruges.

Deux ailes du 127 bis ont dû être évacuées après les dégâts causés par le feu qui a été bouté par des demandeurs d'asile dans une poubelle des toilettes. Les flammes se sont propagées à travers le bâtiment mais personne n'a été blessé. En raison des dégâts occasionnés, une trentaine d'occupants seulement ont pu rester à Steenokkerzeel. Durant et après l'incendie, certains demandeurs d'asile ont tenté de s'échapper. Les agents de police, venus en nombre sur place, ont veillé à rétablir la situation. Le parquet est également descendu sur les lieux. Une quarantaine de personnes ont été interrogées sur l'incendie. Cependant, on en ignore encore le motif. (VPT)



dimanche 24 août 2008

Criminels étrangers: le tour de vis radical

Renvoyer les criminels étrangers: oui. Le faire avec la méthode UDC: non. Les radicaux planchent sur un contre-projet à l'initiative populaire dite du mouton noir, qui vise à faciliter et systématiser l'expulsion des criminels étrangers. Leur solution: intégrer dans la nouvelle loi sur les étrangers les délits graves passibles de renvoi.

La task force sécurité des radicaux suisses, notamment constituée par les conseillères d'Etat Jacqueline de Quattro, Karin Keller-Sutter et par le conseiller national Philipp Müller, proposera la semaine prochaine au groupe parlementaire de compléter la loi sur les étrangers, entrée en vigueur l'an dernier, avec la liste des délits passibles d'expulsion. Une liste relativement similaire à celle proposée par l'UDC dans son initiative, nuances en plus et l'abus de prestations sociales en moins.

Lire la suite de cet article du Matin

mercredi 20 août 2008

La directive retour ne respecte pas les droits de l'enfant

7 sur 7

19/08/08 17h27
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/387424/2008/08/19/quot-La-directive-retour-ne-respecte-pas-les-droits-de-l-enfant-quot.dhtml

"La directive retour ne respecte pas les droits de l'enfant"

La récente directive de l'Union européenne sur l'expulsion et la détention des étrangers en situation illégale en Europe ne respecte pas les droits de l'enfant, a souligné mardi le délégué général aux droits de l'enfant en Communauté française, Bernard De Vos, en marge de la polémique concernant l'expulsion d'un jeune Equatorien adulte, Rothman Salazar (19 ans).

Cette directive dite "retour", adoptée en juin dernier à Strasbourg, prévoit bien des clauses sur le respect des droits fondamentaux, le traitement spécial pour les groupes vulnérables et la prise en compte de l'intérêt supérieur de l'enfant. Mais ces clauses sont "vagues" et "utopiques", dénonce Bernard De Vos. "Ces clauses, qui se trouvent juste à côté des dispositions permettant la détention et l'expulsion des mineurs non accompagnés, n'offrent pas de garanties pas contre les violations des droits de l'enfant", affirme le délégué général.

L'ENOC, le réseau européen des médiateurs pour enfants auquel adhère le délégué général, a d'ailleurs critiqué la directive "retour" à ce sujet. Les membres de l'ENOC ont donc recommandé aux gouvernement nationaux européens d'adapter la directive en adoptant des règles minimales et en respectant les principes prévus par le droit international et la Convention des droits de l'enfant.

A l'échelle belge, dans le cadre du paquet global que le gouvernement doit négocier sur la politique de migration et d'asile, le délégué général met donc en garde contre l'éventualité d'un alignement de la législation belge sur la directive européenne. "Si tel devait être le cas, il n'y pas lieu d'être pleinement rassuré", commente-t-il. Car dans les faits, la directive autorise les détentions et déportations forcées (expulsions) de mineurs ou de mineurs non accompagnés, selon le délégué général.

Pour lui, la situation de l'Equatorien Rothman Salazar, jeune adulte de 19 ans menacé d'expulsion alors qu'il vit en Belgique depuis six ans avec sa famille, ressemble fort à celle de nombreux mineurs, accompagnés ou non, séjournant illégalement en Belgique. (belga/7sur7)

Immigration: quelle vie après le charter Paris-Bamako?


Expulsés par la France, les travailleurs sans-papiers connaissent des retours difficiles au Mali. Reportage. La suite dans rue89

Initiative contre les minarets: Le Conseil fédéral met les bouchées doubles


Le Conseil fédéral met les bouchées doubles pour contrer l´initiative populaire "contre la construction de minarets". Il a décidé mercredi de présenter son message au Parlement avant l´ouverture de la session d´automne, qui débute le 15 septembre. Suite dans le Matin

La lutte contre le racisme connaîtra-t-elle un nouvel essor?

Paru le Mardi 19 Août 2008 dans le Courrier
KARL GRÜNBERG

Opinion SUISSE - Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale se montre particulièrement sévère avec la Suisse, même s'il note quelques progrès.
La Suisse a rejoint en 1994 la lutte internationale contre le racisme.
En 1994, convaincus que «le racisme menace la démocratie»1, une large majorité de citoyennes et de citoyens adopte la norme pénale contre le racisme et permet à la Suisse de ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Convention). Cette impulsion permet la création, en 1995, de la Commission fédérale contre le racisme et d'ACOR SOS Racisme. Elle stimule le débat sur les rapports de la Suisse avec l'Allemagne nazie2 et la réflexion sur sa politique des étrangers3.
En revanche, les Chambres fédérales ont plus récemment voté la LEtr et la révision de la LAsi4, qu'avait proposées le Conseil fédéral inspiré par le vieil Überfremdungsdiskurs qui modèle en Suisse le «droit des étrangers»5, confortant le nationalisme raciste et xénophobe de l'UDC. Le consensus en faveur de la lutte contre le racisme s'est effrité et sa prévention est devenue un sujet de controverse. 73e session du CEDR. Examen du rapport périodique de la Suisse. Les 8 et 11 août 2008, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) a examiné pour la troisième fois un rapport périodique de la Suisse, la réponse des autorités aux recommandations qu'il avait formulées en 2002 au terme du précédent examen périodique6. Les mêmes, pour l'essentiel, qu'après le premier examen périodique de 1998. Les conclusions 2008 du CEDR sont les plus sévères qu'il ait formulées depuis dix ans.
En 2008, comme en 1998 et en 2002, l'audition d'une délégation des ONG précédait la discussion du rapport de la Suisse7. ACOR SOS Racisme participait pour la troisième fois à une telle délégation et annexait au rapport commun des observations reposant sur son expérience de défense des victimes8.
Deux avancées ont illustré cette troisième rencontre du CEDR avec les ONG. Le rapport des ONG9 a réuni une très large coalition. Pour la première fois, la Commission fédérale contre le racisme a pris part à cette rencontre en qualité d'organisme indépendant10. Qu'en est-il aujourd'hui de la lutte contre le racisme en Suisse? Conclusions du CEDR11. Le CEDR se réjouit que la Suisse ait reconnu la compétence du Comité pour recevoir et examiner des plaintes individuelles12, qu'elle ait institué le Fonds droits de l'homme et qu'elle ait créé le Service de lutte contre le racisme. Il note avec satisfaction l'introduction de modules d'éthique et de droits humains dans la formation des agents de police et la jurisprudence du Tribunal fédéral qui renforce la répression des propos et des comportements racistes.
Mais l'essentiel est ailleurs. Le Comité regrette le manque de progrès pour combattre les attitudes racistes et xénophobes à l'encontre de certaines minorités, notamment les Noirs, les musulmans, les gens du voyage, les immigrants et les requérants d'asile.
Il regrette que l'interdiction de la discrimination raciale ait dû être défendue contre des attaques répétées et contre des demandes visant à l'abolir ou à la restreindre. Il prie instamment la Suisse d'intensifier ses efforts d'éducation et de sensibilisation pour combattre les préjugés à l'encontre des minorités ethniques, en particulier aux niveaux cantonal et municipal.
Selon la Suisse, son système fédéral ne constitue pas un obstacle à la mise en oeuvre de la Convention sur son territoire. Le Comité reste toutefois préoccupé par les incohérences dans la mise en oeuvre de la Convention et par le fait que les lois, politiques et décisions cantonales et communales pourraient être en contradiction avec les obligations auxquelles s'est engagé la Suisse en ratifiant la Convention. Il rappelle que le gouvernement suisse est responsable de la mise en oeuvre de la Convention. Le Comité note que la Convention fait partie intégrante du système juridique suisse mais reste préoccupé par le manque de législation et de politiques globales, aux niveaux civil et administratif, pour prévenir et combattre la discrimination raciale dans tous les domaines.
Le Comité relève avec préoccupation que la législation suisse ne contient pas de définition de la discrimination raciale conforme à la définition qu'énonce la Convention. Il invite par ailleurs la Suisse à retirer la réserve qu'elle entend pourtant maintenir à l'égard de l'article 2 de la Convention. Il note avec préoccupation la protection inadéquate, en Suisse, du droit de se marier et de fonder une famille pour les étrangers originaires d'un Etat non membre de l'Union européenne.
Le Comité est préoccupé par le recours au profilage racial, notamment dans les aéroports13. Insistant sur le caractère obligatoire de l'article 4 de la Convention, il invite la Suisse à envisager le retrait de sa réserve à cet article. Il recommande qu'elle adopte une législation déclarant illégale et interdisant toute organisation qui promeut le racisme et la discrimination raciale ou y incite.
Le Comité note avec préoccupation la croissance des allégations d'usage excessif de la force par la police sur le territoire de la Confédération, en particulier à l'encontre des Noirs. Il est recommandé à la Suisse de créer un mécanisme indépendant chargé d'enquêter sur les plaintes concernant des actes d'agents responsables de l'application des lois. La Suisse est instamment priée de prendre des mesures effectives et adéquates pour garantir aux étrangers et aux requérants d'asile les droits énoncés par la Convention. Le Comité est préoccupé par le fait que les gens du voyage restent soumis à de nombreux désavantages et à de nombreuses formes de discrimination, en particulier dans les domaines du logement et de l'éducation.
La Suisse, enfin, doit mettre en oeuvre les recommandations du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance à la suite de sa visite de 2006, ainsi que les recommandations formulées par le Groupe de travail à l'occasion de l'Examen périodique universel en 2008.
La cheffe de la délégation suisse, Mme Schraner Burgener, expliquait au CERD que le Conseil fédéral est plus progressiste que le parlement qui l'est plus que le peuple. La preuve de cette polarisation? La LEtr permettrait une puissante politique d'intégration que le peuple ne comprendrait pas.
Les faits montrent évidemment le contraire. La LEtr, la LAsi ont été proposées par le gouvernement au parlement. Le consensus au sein du premier, la très large majorité du second les ont faits adoptées par deux tiers des citoyens. Dans les cantons romands une très forte mobilisation des milieux concernés a conscientisé la population. De très fortes minorités y ont rejeté cette régression du droit.
La tempête nationaliste et raciste que l'UDC14 a soufflée sur la Suisse ces dernières années a conforté l'approche selon laquelle «il s'agirait de savoir si (...) une législation contre le racisme n'entamait pas de manière excessive le droit des Suisses à la préservation de leur propre identité, respectivement à la délimitation par rapport aux étrangers15», l'idéologie qui refuse le séjour «aux ressortissants des pays qui n'ont pas les idées européennes (au sens large)16».
Le propos de l'ambassadrice recèle pourtant un grain de vérité. La LEtr améliore les mesures d'intégration que prévoyait l'ancienne Loi sur le séjour et l'établissement des étrangers. Les cantons mettent en place des bureaux de l'intégration des étrangers qui comprennent que la discrimination fait obstacle à l'intégration et qui soutiennent des projets, présentés comme innovants, qui priorisent la compréhension interculturelle et l'échange.
Ces projets, bien sûr sont positifs et doivent être soutenus. le CEDR a relevé par exemple l'intérêt des réalisations du canton de Vaud présentées par la délégation suisse. Mais ces projets ne répondront pas aux recommandations du CEDR et ne suffisent pas. Ils souffrent d'ignorer les victimes du racisme, la défense de leurs droits et de leur dignité que priorisent avec ACOR SOS Racisme les mouvements de terrain. Le Comité fixe un calendrier. Un mouvement contre le racisme ne devrait-il pas se former pour s'en saisir? Dans un an, la Suisse devra informer le CERD du suivi donné aux recommandations suivantes:
- adoption d'un plan national d'action et législation à tous les niveaux de gouvernement concernant la discrimination raciale, la xénophobie et d'autres formes d'intolérance;
- allocation de moyens financiers adéquats à la mise en oeuvre de la Convention;
- renforcement des moyens de la Commission fédérale contre le racisme et amélioration du dialogue avec cette institution;
- aucune mesure de sécurité ne doit avoir recours au profilage racial (délit de faciès), examen des informations cantonales concernées;
- adoption de critères de naturalisation conformes à la Convention excluant tout refus dû à la discrimination.
Les recommandations du CEDR sont ignorées depuis dix ans. N'est-il pas temps que les organisations qui s'engagent contre le racisme les fassent connaître, les revendiquent, mobilisent pour leur mise en oeuvre?
Nous étions des dizaines d'associations à présenter au CEDR un rapport alternatif. Nos observations ont contribué à la formulation des recommandations les plus sévères que le CEDR ait adressées à la Suisse. Ne devrions-nous pas organiser cet automne une conférence de tous les organismes concernés et mettre sur pied une campagne nationale qui revendique l'application des recommandations du CEDR et notamment:
- une loi générale contre le racisme;
- des lois cantonales pour les seize cantons qui en sont encore dépourvus;
- l'interdiction du profilage racial;
- le rétablissement du soutien financier aux organisations de terrain, de défense des victimes du racisme et notamment à ACOR SOS Racisme;
- le renforcement de la CFR et la mise sur pied d'une instance nationale de défense des droits humains.
KARL GRÜNBERG
ACOR SOS RACISME

L'absurde exclusion des chercheurs étrangers

Jacques Neirynck s'élève contre le fait que la Suisse forme des étudiants étrangers au bénéfice des autres pays tout en se refusant le droit de les recruter.

Lire son opinion dans le Temps

«Nous voulons impliquer davantage les communautés étrangères»

Questions à Jacqueline de Quattro, conseillère radicale vaudoise, présidente de la task-force «Sécurité» du PRD.

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps



Le Parti radical revient avec son idée de loi-cadre sur l'intégration, présentée en 2005 au parlement. Jacqueline de Quattro explique pourquoi son parti y tient tant.

mardi 19 août 2008

Manifestation au centre d’urgence du Simplon

Les habitants du foyer d’aide d’urgence du Simplon, et des membres de SOS Asile Vaud, organisaient hier une manifestation pour demander leur réintégration en appartement.

centre simplon

Les manifestants ont protesté contre les conditions de vie des requérants dans les foyers, et le fait qu’ils vont être déplacés à Bex.
ARC/JEAN-BERNARD SIEBER


«Parfois, nous n’avons même plus l’impression d’être des êtres humains, alors que nous ne demandons qu’une vie nor­male! » Tel est le sentiment qui s’est établi au sein du centre d’aide d’urgence du Simplon, à Lausanne. Ce foyer, qui ne de­vait être qu’une solution tempo­raire, abrite des requérants dé­boutés, parfois depuis près d’une année, dans des condi­tions jugées «intolérables». «Le mode de vie des gens de ce centre est dégradant, déclare Sabine Masson, membre de l’as­sociation SOS Asile Vaud. Ce que nous aimerions, c’est que l’Etablissement vaudois d’ac­cueil aux migrants (EVAM) per­mette une réelle insertion so­ciale à ces personnes, notam­ment en les logeant dans un appartement.» Le centre fermera ses portes en octobre et ses habitants de­vront déménager et rejoindre un autre centre d’aide d’ur­gence, probablement à Bex. Cette fermeture était aussi l’ob­jet de la manifestation d’hier. «Heureusement, il y a des per­sonnes qui nous ont redonné de l’espoir et aidés à nous défendre juridiquement, déclare une jeune Camerounaise. Notre ma­nifestation d’aujourd’hui con­siste à informer la population de notre situation.» O. F. dans 24 Heures.

lundi 18 août 2008

La Suisse peut mieux faire

Le Comité de l’ONU estime notamment que des mesures doivent être prises contre les discriminations policières.
La Suisse peut mieux faire dans la lutte contre le racisme, es­time le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimina­tion raciale (CERD). Elle de­vrait notamment prendre des mesures pour éradiquer les dis­criminations que commet par­fois la police. Dans ses recom­mandations à la Suisse, le CERD invite également la Con­fédération à jouer un rôle «proactif» dans le combat con­tre le racisme. Il souligne l’im­portance de promouvoir le dia­logue interethnique et la tolé­rance au sein de la société, «en particulier aux niveaux canto­nal et communal».
Peu de progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années pour combattre le ra­cisme à l’égard des Noirs, des musulmans ou des gens du voyage, poursuit le CERD. Et de déplorer que la Commission fé­dérale contre le racisme ne bé­néficie pas de moyens adéquats pour mener à bien sa mission.
ATS

Pourquoi La Forteresse est un film indispensable

Editorial de Thierry Meyer dans 24 Heures.

Dès la mi-septembre, faites un peu de place dans votre agenda. Pour une heure et demie. Le temps d’aller voir dans une salle de Suisse romande La forteresse, le film événement de ce 61e Festival de Locarno, dont il a remporté l’une des compétitions, la sélection «Cinéastes du présent». Ce film est essentiel, à plus d’un titre.
S’il est un prix mérité, c’est bien celui-ci. Fernand Melgar a réussi un chef-d’oeuvre du cinéma documentaire, en déjouant tous les nombreux pièges que son sujet lui tendait.
Comment, en effet, ne pas tomber dans la caricature, le parti pris, le pathos, la propagande, le ton sentencieux ou stigmatisant, en filmant deux mois durant le vécu d’un centre d’enregistrement pour requérants d’asile? Comment ne pas colorer de son opinion un projet né d’une révolte, d’un malaise renvoyant à sa propre enfance?
La réponse tient tout entière, admirable, dans ce film qui, malgré la gravité de son propos, est d’une justesse jubilatoire.
La forteresse est la preuve éclatante que l’engagement (car Fernand Melgar est un cinéaste engagé, et comment!) n’exclut pas la lucidité, et qu’il peut s’affranchir du dogmatisme. C’est du reste ce qu’il a de plus fort: le réalisateur vaudois d’origine espagnole ne nous dit pas ce qu’il faut penser, il nous donne à réfléchir. Et à travers l’orfèvrerie de son travail cinématographique, beauté de l’image, finesse des cadrages, sensibilité du montage, il partage ses observations, ses interrogations, sa quête de vérité. Ces dernières sont désormais les nôtres.
On sort de ce film profondément ébranlé, rassuré autant qu’étreint par le doute, frustré par la complexité d’un monde, le nôtre, dont nous ne comprenons que rarement aussi bien les impasses et les contradictions.
Dans une société qui pousse au simplisme et au manichéisme, le courage et l’honnêteté de Fernand Melgar sont exemplaires.

Racisme: la Suisse peut mieux faire

Racisme: la Suisse peut mieux faire
15 août 2008 20:44

La Suisse peut mieux faire dans la lutte contre le racisme, estime le Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD). Elle devrait notamment s'atteler à éradiquer les dérapages commis par certains policiers.

Le CERD constate une augmentation de l'usage excessif de la force par la police, notamment à l'égard de personnes de couleur, indique vendredi l'organe des Nations unies. Dans ses recommandations finales à la Suisse, il prône donc la mise sur pied d'un mécanisme indépendant de plainte et d'investigation.

Peu de progrès

Le CERD constate par ailleurs que peu de progrès significatifs ont été réalisés depuis 2002 pour combattre le racisme à l'égard des noirs, des musulmans, des gens du voyage, des migrants et des requérants d'asile. La mauvaise perception qu'a une partie de la population des étrangers et de certaines minorités a débouché sur des initiatives populaires qui remettaient en question le principe de non discrimination, regrette-t-il.

Le comité des Nations Unies invite donc la Confédération à jouer un rôle «proactif» dans le combat contre le racisme. Il souligne l'importance de promouvoir le dialogue interethnique et la tolérance au sein de la société, «en particulier aux niveaux cantonal et communal». Pour ce faire, il encourage la Suisse à créer un plan national contre le racisme.

Créer une institution

En accord avec les principes de Paris, le CERD souhaiterait, également que soit créée une institution nationale indépendante chargée de défendre les droits de l'Homme. A ses yeux, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) ne bénéficie en outre pas de moyens adéquats pour mener à bien sa mission. Dans une brève prise de position, la CFR réagit positivement aux recommandations du CERD. Elles rejoignent pour beaucoup certaines critiques émises par la CFR mais il faut aussi reconnaître que certains progrès ont aussi été faits, tempère-t-elle.

Le CERD ne dresse effectivement pas un tableau catastrophiste de la situation. Il reconnaît certaines améliorations comme la création d'un brevet fédéral de policiers incluant des matières nouvelles comme l'éthique et les droits de l'homme ou le renforcement de la jurisprudence concernant l'article 261 bis du code pénal sur la discrimination raciale.

Sur la bonne voie

Avant de rendre ses conclusions, le CERD a passé le rapport du Conseil fédéral sur la situation en Suisse à la loupe. Dans ce texte, le gouvernement estime que la Suisse est en bonne voie de remplir les précédentes recommandations des Nations Unies sur la discrimination raciale.

L'avis n'est cependant pas partagé par les ONG. A leurs yeux, la Suisse n'a pas appliqué ces conseils. Et de pointer du doigt la situation des requérants d'asile, des jeunes étrangers ou encore des gens du voyage.

ats/cht


Amnesty salue le CERD
  • Amnesty International se dit «positivement très impressionnée» par les recommandations du Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) à l'égard de la Suisse. «Elles sont fortes et claires», se réjouit Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse.
  • Le CERD met notamment le doigt sur les dérapages commis par certains policiers et réclame qu'un mécanisme indépendant de plainte soit mis sur pied. La demande est saluée par Daniel Bolomey: «c'est une de nos revendications centrales », souligne le secrétaire qui fait remarquer que jusqu'ici les responsables des départements de justice et police n'ont toujours pas répondu à cette demande.
  • Autre source de satisfaction pour Amnesty International (AI): le souhait du CERD qu'un plan national contre le racisme soit développé. «En Suisse, il y a un déficit de coordination. C'est le moment opportun pour mener une action coordonnée qui pénétrerait les cantons», ajoute-t-il. Il souligne que cette recommandation répond aux demandes de plusieurs ONG formulées lors de l'examen périodique universel.
  • Il salue encore le souhait du CERD de créer une institution nationale indépendante chargée de cette mission. «C'est une bonne idée». Et de souligner que cette requête va dans le sens de l'Assemblée générale de 1993 de Paris.
  • Il conclut ainsi: «Nous aimerions que les autorités entendent ces recommandations» et les mettent en pratique.
URL de cet article
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200003&sid=9536390


mardi 12 août 2008

Néonazi condamné pour discriminations répétées

L’homme avait pris la défense du négationniste vaudois Philippe Brennenstuhl l’an passé au Grütli.
Un néonazi a été reconnu cou­pable pour discriminations ra­ciales répétées par la justice du canton d’Uri. Cet homme de 29 ans a été condamné à une peine pécuniaire de 10 jours­amendes à 100 francs et à une amende de 200 francs.
Le néonazi a été condamné pour avoir pris la défense de Philippe Brennenstuhl, un Vau­dois qui nie l’existence de l’Ho­locauste, lors d’un discours le 5 août 2007 sur la prairie du Grütli. Sa condamnation, révé­lée par le SonntagsBlick, a été confirmée par le procureur Bruno Ulmi.
La police examine actuelle­ment le texte du discours des extrémistes de droite du 3 août dernier au Grütli, a encore pré­cisé le procureur. Deux person­nes ont pris la parole à cette occasion: Markus Martig, mem­bre du groupe d’extrême droite nationale PNOS, et le même Philippe Brennenstuhl.
ATS

La Suisse doit devenir un leader dans la lutte contre le racisme

La Confédération a présenté son action contre le racisme devant le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale.
La Confédération a précisé hier à Genève son action contre le racisme devant le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD). La délégation a longuement dé­veloppé certaines problémati­ques de sa lutte contre la discri­mination raciale, apportant des explications que le CERD a esti­mées très fournies.
Invitée à examiner si le fédé­ralisme peut constituer un obs­tacle à la mise en oeuvre de la Convention pour l’élimination de la discrimination raciale, la délégation a démontré le con­traire. Tous les échelons politi­ques doivent la respecter. Les moyens dont dispose la Confédé­ration pour contraindre les can­tons ont en outre été détaillés.
Exemple vaudois

Avec l’exemple vaudois, la dé­légation a illustré l’effort d’inté­gration mené par de nombreux cantons. Les expériences canto­nales et communales ont selon elle un impact positif sur la politique fédérale, qui en retour «entraîne des changements structuraux profonds dans les cantons».
Si elle admet le climat «hos­tile » envers certaines popula­tions étrangères, la représenta­tion suisse juge malgré tout la situation «comparativement bonne». Elle a donné les chiffres de la violence d’extrême droite, s’est satisfaite de l’augmentation du nombre de procédures péna­les et a précisé le cadre législatif de la liberté d’expression en Suisse.
Le CERD lui réclamant des données sur la violence de la police, la délégation a expliqué que la révision de la statistique policière aboutira en 2010. Elle a insisté sur les efforts de forma­tion des forces de l’ordre. Quant à la création d’une institution nationale indépendante pour les droits de l’homme, souhaitée par le CERD, celle-ci est toujours à l’étude.
«Chantier
permanent»
Sur le nouveau droit d’asile, la délégation a soutenu que «les chiffres élevés des demandes en Suisse démontrent la confiance dont bénéficie notre système d’asile». La politique d’accès au marché du travail et le processus de naturalisation ont aussi été clarifiés.
La cheffe de la délégation, Christine Schraner Burgener, a conclu en rappelant que «la réa­lisation d’un monde sans ra­cisme est un chantier perma­nent ». Le CERD, qui proposera ses recommandations vendredi, a émis des conclusions provisoi­res. Il considère que la Suisse est motivée et prend le problème au sérieux, mais l’invite à être un leader de la lutte, un «cham­pion » de cette cause. ATS

La forteresse de l’asile percée par Fernand Melgar

«Impressionnant», constate la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. Par son envergure autant que par l’honnêteté de son propos, le nouveau film du Lausannois Fernand Melgar relève à la fois du grand art et de l’objet de débat. Un article de Jean-Louis Kupfer, dans 24 Heures.

solitude requérant asile«Ce qui est terrible, c’est que nous ne savons pas d’où ils viennent et qu’ils ne savent pas où ils vont.» Ces mots d’une des collaboratrices du Centre d’enregistrement de Vallorbe, Fernand Melgar les cite en exergue de La forteresse, qui en illustre magnifiquement la réalité. Le sentiment de «ne pas savoir» est au cœur de la question de l’asile, qui a permis, avant les votations de 2006, à la propagande blochérienne (notamment) de développer deux portraits types du requérant: l’Africain dealer ou le Rom chapardeur. La réalité, on s’en doute, est bien plus complexe.

Fernand Melgar, fils d’immigrés espagnols, clandestin lui-même en son tout jeune âge, a vécu le résultat des votations sur l’asile comme une trahison, alors qu’il venait d’obtenir sa propre naturalisation. Autant dire qu’il était personnellement impliqué quand il a pris son bâton de pèlerin documentariste pour répondre à cette question: la Suisse est-elle xénophobe?

«Tout le monde a tenté de me dissuader de faire un film sur l’asile, commente-t-il aujourd’hui. Mais lorsque j’ai expliqué à Philippe Hengy, l’un des responsables du centre de Vallorbe, que j’entendais y passer deux mois, soit la durée la plus longue d’un séjour de requérant, mon projet a commencé de l’intéresser…»

Six mois de négociations (notamment avec l’Office fédéral des migrations) et de préparation avec l’équipe qui partagerait son immersion, deux mois de tournage (de décembre 2006 à février 2007), un patient travail d’apprivoisement de tous les «acteurs», requérants et collaborateurs du centre, des conventions de travail très précises et sécurisées: telle est la base logistique de ce documentaire qui voulait échapper au «contre» autant qu’au «pour», afin de vivre «avec» les protagonistes.

Résultat: sur 150 heures d’enregistrement, 100 minutes d’observations et d’émotions parfois bouleversantes, mais ne jouant jamais sur l’effet. «Lors de mes premières approches, notamment avec des aumôniers, je sentais qu’on me peignait le centre sous des couleurs apocalyptiques, puis j’en ai découvert de multiples autres aspects. Avant de séjourner à Vallorbe, je me faisais une image simpliste de la réalité, comme la plupart des gens. Or, ce qui m’est apparu de plus en plus fortement, c’est que la vie triomphe de l’enfermement. La réalité que je documente est très dure, mais j’ai voulu en capter toutes les nuances. «La seule fiction se trouve dans le réel», disait Godard. Et c’est à raconter ce réel que nous nous sommes efforcés.»

Ombres et lumières

Le terme de «forteresse» a valeur de symbole: c’est à la fois ce centre vaudois, qui tient bel et bien de la prison en dépit de son relatif confort, et la Suisse, l’Europe, l’Occident dont rêvent les damnés de la terre. Point de brutalité ni de hurlements à Vallorbe, mais des règlements stricts, l’encadrement sécuritaire – un gilet pare-balles entr’aperçu –, l’ennui et la tentation pour les hommes de le fuir par l’alcool.

Au fil de la procédure, des bribes de destins apparaissent. Récits parfois insoutenables. Avérés? La tâche difficile des collaborateurs est de trier. Le film montre admirablement leurs cas de conscience autant qu’il reste à l’écoute de chacun.

La TSR propose une interview de Fernand Melgar au festival de Locarno.

samedi 9 août 2008

200 clandestins secourus

Les rescapés dérivaient depuis trois jours au large de Lampedusa.
Une corvette de la marine ita­lienne, l’Urania, a secouru, dans la nuit de jeudi à vendredi, un total de 185 immigrés clandestins dans quatre embarcations diffé­rentes, dont les 120 passagers d’un bateau qui affirmaient être à la dérive depuis trois jours sans eau ni carburant au large de la Libye. Les 120 clandestins avaient réussi à alerter jeudi, via téléphone satellitaire, les bu­reaux du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) à Malte et à Lam­pedusa, petite île italienne au sud de la Sicile. Ils avaient af­firmé être à la dérive depuis trois jours et n’avoir plus rien à boire. 11 949 candidats à l’immigra­tion ont débarqué en Italie au 1er semestre 2008, dont 10 402 à Lampedusa, contre 5387 en 2007. Selon Médecins sans frontières, 380 clandestins ont péri dans cette traversée entre la Libye et la Sicile ou au large de Malte sur les six premiers mois de cette année.
AFP

Interdiction de la burqa

Malgré le refus de Berne, le PDC veut toujours interdire le port de la burqa en Suisse. Un projet qui fait grincer des dents certains professionnels du tourisme à Genève. Un article de Dejan Nikolic dans 24 Heures.
burqa Pour des raisons de pratique reli­gieuse, certaines musulmanes se cachent le corps et la tête à l’aide d’une burqa. Ce long voile tradi­tionnel est arboré par de nom­breuses touristes venues à Genève pour assister aux Fêtes. Des festi­vités dont la principale clientèle vient de pays musulmans.
Or, en février 2007, le conseiller national Christophe Darbellay in­terpellait le Conseil fédéral pour interdire le port de la burqa en Suisse. Une idée qui s’est vu reje­tée pour des raisons de liberté religieuse.
Mais, si ce projet n’a pas franchi l’échelon fédéral, certaines mesu­res restrictives sont envisageables au niveau cantonal. Et si l’on en venait à bannir la burqa des rues de Genève? Une polémique que les professionnels du tourisme tendent à éviter, même si un bon nombre d’entre eux ne cachent pas leur opposition. «Nous rece­vons beaucoup de touristes moyen-orientaux. Genève est une ville internationale avec une tradi­tion d’accueil très forte», rappelle Patrick Mossu, directeur de l’Hô­tel Le Richemond. Le responsable genevois dit en effet tout haut ce que la plupart de ses confrères pensent tout bas. Il ne se verrait jamais refuser l’accès de son éta­blissement à des touristes musul­manes sous prétexte qu’elles por­tent une burqa.
Pas comparable au short

«Ce n’est pas comme si quel­qu’un se présentait en tenue inap­propriée, précise-t-il. Porter une kippa ou une burqa, par exemple, n’est pas comparable à se présen­ter en short ou les pieds nus dans un restaurant élégant.» Pas ques­tion, donc, de sélectionner les clients en fonction de leurs croyances ou de leur couleur de peau. «Nous faisons le nécessaire pour que, quand ils viennent chez nous, ils se sentent comme chez eux», conclut Patrick Mossu.
En France, au Pays-Bas et ailleurs, le débat se poursuit. La ville belge d’Anvers s’est déjà pro­noncée en faveur d’une telle inter­diction. Raison pour laquelle le thème est plus que jamais d’ac­tualité aux yeux du président du PDC. «Il faut savoir ce que l’on veut, déclare-t-il. Le monde mu­sulman est certes un partenaire commercial important, mais il y a une certaine limite à ne pas fran­chir. La burqa est un signe d’op­pression qu’il faut combattre.»
DEJAN NIKOLIC

vendredi 8 août 2008

Discrimination raciale: la situation suisse est examinée à l'ONU

La Suisse est "en bonne voie" de remplir les recommandations du Comité de l'ONU contre la discrimination raciale, écrit-elle dans son rapport adressé à l'instance onusienne. Les organisations de défense des droits humains ne sont pas de cet avis.

Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale examine vendredi et lundi à Genève le rapport du Conseil fédéral montrant comment la Suisse applique la Convention des Nations Unies visant à mettre fin à toutes les formes de racisme. Le texte répond à diverses critiques et recommandations émises en 2002 par ce même comité.

Mais pour les organisations non gouvernementales emmenées par Human Rights Watch, le constat est sans appel: la Suisse n'a pas appliqué les recommandations. Et de pointer du doigt la situation des requérants d'asile déboutés qui n'ont pratiquement aucun droit.

Les jeunes étrangers ont de moins bonnes chances d'accéder à la formation, critiquent également les organisations de défense des droits humains dans leur prise de position. Quant à la situation des gens du voyage, elle ne s'est pas non plus améliorée. Les ONG seront entendues par le comité de l'ONU.

Du côté de la Commission fédérale contre le racisme (CFR), le constat est moins sévère. Cette dernière relève tout de même des tendances positives comme la création en 2006 d'un conseil suisse des religions.

Des progrès sont aussi visibles dans la formation de la police et sa manière de procéder avec les étrangers, constate la CFR. Et ce malgré les embûches imputables au système fédéraliste.

Pour le reste, la CFR n'est pas tendre. Le climat d'hostilité envers les entrangers ne s'est guère amélioré, constate la commission, à l'unisson avec les ONG.

(ats)

lundi 4 août 2008

Critiques contre la politique de l'UE sur l'immigration

Le pacte européen sur l’immigration : une politique néocolonialiste
Union syndicale Solidaires

Communiqué - Le 15 juillet 2008

http://www.solidaires.org/article20128.html

Les ministres européens de l’immigration, sous la houlette de Brice Hortefeux, ont validé, le 7 juillet 2008, un projet de « Pacte européen sur l’immigration et l’asile » : immigration choisie, répression de l’immigration irrégulière, et harmonisation des règles du droit d’asile sont les trois piliers d’une politique néocolonialiste de cette Europe forteresse.

Le préambule déclare, non sans cynisme, que les migrations internationales perdureront tant que les écarts de richesse et de développement existeront. Qui sont les principaux responsables de cet état de fait si ce n’est les pays occidentaux qui ont pillé pendant des décennies les pays du Sud et les institutions internationales qui ont mené depuis plusieurs années des politiques d’ajustement structurelles pour leur propre profit !

Cynisme encore lorsqu’il est évoqué le danger de mise en cause de la cohésion sociale des pays européens face à une immigration mal maîtrisée alors que ces mêmes gouvernements mènent des politiques libérales dynamitant toutes les protections sociales au nom d’une concurrence « libre et non faussée » !

La subtilité sémantique consistant à remplacer le rejet explicite des « régularisations massives » par la préconisation des régularisations « au cas par cas » aboutit de fait aux mêmes effets.

Le contrat d’intégration a certes été supprimé mais il revient sous d’autres formes en conditionnant le regroupement familial à la connaissance de la langue du pays d’accueil et du respect « des identités » des Etats membres. Enfin, l’élaboration de critères communs au droit d’asile est renvoyée dans cinq ans.

Ce pacte officialise une politique sélective de l’immigration professionnelle, notamment en renforçant « l’attractivité de l’UE pour les travailleurs hautement qualifiés », une politique répressive en accentuant les contrôles aux frontières et les expulsions dans les pays d’origine et en durcissant les critères de regroupement familial.

L’union syndicale Solidaires dénonce cette politique qui utilise l’immigration aux seules fins des intérêts économiques des multinationales installées en Europe.




Le HCR appelle l'Europe à rester ouverte aux demandeurs d'asile

17 July 2008 –Le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a appelé mercredi l'Union européenne (UE) à rester ouverte aux demandeurs d'asile, alors qu'un projet de Pacte européen sur l'Immigration et l'Asile a été présenté la semaine dernière à ses partenaires par la France, qui préside actuellement l'UE.

« Nous nous inquiétons du fait que l'attention très forte portée au contrôle des frontières extérieures de l'UE rende encore plus difficile aux demandeurs d'asile l'entrée sur le territoire de l'Europe », a déclaré M. Guterres à l'occasion d'une visite à Bruxelles, au cours de laquelle il a notamment rencontré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le Vice-président de la Commission européenne, Jacques Barrot, chargé de la justice, des libertés et de la sécurité.

« Des mesures concrètes doivent être prises pour s'assurer que la protection reste possible pour ceux qui en ont besoin », a-t-il ajouté, cité dans un communiqué du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

M. Guterres a souhaité que le projet de Pacte européen sur l'Immigration et l'Asile soutienne la construction d'une 'Europe de l'Asile'. Le projet, qui est basé sur la conception d'immigration « choisie », pourrait être ratifié en octobre, lors d'un sommet européen prévu à Bruxelles.

Il a également discuté avec M. Barrot des moyens d'augmenter les réinstallations de réfugiés dans l'Union européenne. Antonio Guterres a souligné la nécessité pour l'UE de montrer son soutien aux pays non membres de l'UE qui accueillent la majorité des réfugiés dans le monde.

« Réinstaller des réfugiés est une façon de montrer sa solidarité à l'égard de pays comme la Syrie, qui accueille actuellement environ un million de réfugiés d'Iraq », a dit le Haut commissaire. « Nous appelons la Commission européenne à poursuivre ses efforts pour augmenter les réinstallations dans l'UE », a-t-il ajouté.

Actuellement, une minorité parmi les 27 Etats membres de l'UE met en oeuvre des programmes réguliers de réinstallation, et l'UE fournit seulement 5% des places disponibles pour la réinstallation des réfugiés sur le plan global, selon le HCR.

Une circulation pas si libre que ça...

Des résidents belges passent leurs vacances en rétention

NOUVELOBS.COM | 01.08.2008 | 12:54

Venus passer deux semaines de vacances en France, un couple équatorien et leur fillette, qui résident tous légalement en Belgique, ont été arrêtés à Cherbourg avant d'être internés au centre de rétention de Rennes.


Un couple équatorien et leur fillette, en vacances en France et résidents réguliers en Belgique, ont été arrêtés le 25 juillet à Cherbourg, puis internés au centre de rétention de Rennes qu'ils doivent quitter vendredi 1er août, a-t-on appris auprès de la Cimade.

"Nous avons été traités comme des criminels", s'est indigné Suntaxi Diaz, contactée par l'AFP, après une semaine passée au centre de rétention administrative (CRA) alors que, selon elle, leurs papiers belges sont en règle et que leur fille de deux ans est de nationalité belge.

Venus passer deux semaines de vacances en France, le couple avait été contrôlé à Cherbourg vendredi dans sa voiture.

"On a été traités comme des assassins"

Les policiers ont constaté que "nous n'avions pas les papiers de notre fille et que nous ne pouvions pas prouver que nous étions sur le territoire français depuis moins de 3 mois [du fait de l'absence de contrôle aux frontières dans le cadre de l'espace Schengen, ndlr]. Ils nous ont donc conduits au commissariat pour des vérifications", raconte Suntaxi Diaz.

"Dès vendredi soir, les autorités belges avaient confirmé que la fillette était de nationalité belge et que les documents du couple étaient en règle. On aurait pu leur dire de rentrer chez eux", s'est insurgé Damien Nantes, représentant de la Cimade, seule ONG autorisée dans les CRA.

Mais le préfet de la Manche a pris un arrêté de reconduite à la frontière et la famille a été placée en rétention à Cherbourg, puis transférée à Rennes, selon la même source.
"Je ne comprenais pas pourquoi on nous gardait. On a été traités comme des assassins, pris en photo et fouillés", a expliqué Suntaxi Diaz. "Mon mari a dû se dévêtir et ils m'ont également demandé de le faire".

Permis de conduire équatorien expiré

La famille devrait être reconduite à la frontière belge vendredi par la police. Elle devra cependant laisser son véhicule en France. "On nous a dit que nous devons demander un visa pour revenir le chercher", a ajouté Suntaxi Diaz.

De son côté, la préfecture de la Manche a précisé que la famille avait été interpellée lors d'un contrôle routier et que le conducteur avait présenté un permis de conduire militaire équatorien expiré. "Il ne justifiait donc pas du droit à conduire sur le territoire français", souligne la préfecture dans un communiqué.

Le couple a également présenté "une attestation d'immatriculation délivrée par les autorités belges et un passeport équatorien dépourvu de visa, ne permettant pas de séjourner en France", selon la même source.

Pour Damien Nantes, il s'agit d'"une situation dramatique et absurde", dans un "contexte de fixation d'objectifs d'expulsions dans chaque préfecture". (Avec AFP)